La vie de Karol Beffa, c’est surtout celle d’un véritable surdoué !
Il faut dire qu’elle avait commencé sous un auguste patronage : celui de
Mozart, que le jeune Karol interpréta dans son enfance pour un téléfilm de
Marcel Bluwal. C’est donc assez logiquement qu’il entra au Conservatoire
National de Musique et de Danse de Paris, à l’âge de 14 ans. C’est dans cette
vénérable institution que Karol Beffa développa ses dons pour la musique :
il y obtint notamment huit premiers prix en harmonie, contrepoint, fugue,
musique du XXème siècle, analyse, orchestration, accompagnement vocal et
improvisation au piano. Comme si cela ne suffisait pas, le musicien décrocha un
diplôme d’ingénieur statisticien de l’ENSAE, avant d’être reçu premier au
concours littéraire de l’ENS. Un talent complet vous dis-je ! Après ces
études universitaires, il s’intéressa de nouveau à la musique et devint
compositeur professionnel. Cette nouvelle orientation se confirma en 2006, avec
une résidence à l’Orchestre National de Toulouse.
De cette période date les premières grandes œuvres orchestrales du
compositeur. Parmi celles-ci, les Paradis
artificiels d’après Baudelaire ou le Premier
Concerto pour violon et orchestre. Il s’agit de pièces à l’orchestration
chatoyante, qui m’ont favorablement surpris : Karol Beffa est bien loin de
la posture aride et intellectuelle qu’adoptent certains compositeurs
modernes ! Sa musique est d’inspiration tonale, avec une logique
indéniable et un sens du rythme fascinant, qui n’empêche pas un certain
lyrisme. Le compositeur a lui-même expliqué cet aspect de son travail, qui se
divise en « un pôle contemplatif, extatique, au rythme harmonique souvent
très lent (musique de couleurs et de textures), et un pôle dynamique, d’une
extrême nervosité, où la musique prend souvent la forme d’un mouvement
perpétuel (musique du rythme et de l’énergie). »
Cette double inspiration s’entend parfaitement dans deux œuvres pour
lesquelles j’ai eu un petit coup de cœur : le Concerto pour piano et orchestre intitulé « La vie antérieure » et Blow-up pour quatuor de vents et piano. Si le concerto est d’une
incroyable richesse orchestrale et d’un profond lyrisme (inspiré de Prokofiev
et Bartók si je ne m’abuse), les timbres inhabituels de Blow-up sont tout à fait hypnotiques. De plus, ils sont enrichis
par des rythmes originaux et incantatoires, dans lesquels on peut reconnaître
l’influence du jazz et de la pop. D’ailleurs, cela me semble assez
représentatif de Beffa : un subtil alliage d’ancien et de nouveau, de
tradition et de modernité.
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