lundi 13 novembre 2017

Honegger : Pacific 231


Pacific 231 est l’une des œuvres phares du constructivisme musical, avec les Fonderies d’acier de Mossolov et la Deuxième Symphonie de Prokofiev. Tout comme ces dernières, la composition d’Honegger exalte la force des machines, en l’occurrence une locomotive à vapeur de type Pacific 231 – l’un des fleurons ferroviaires français de l’entre-deux-guerres (l’œuvre fut créée le 08 mai 1924). « J’ai toujours aimé passionnément les locomotives ; pour moi, ce sont des êtres vivants et je les aime comme d’autres aiment les femmes ou les chevaux », affirma le compositeur. Honegger a d’ailleurs expliqué son dessein en dotant son œuvre d’un bref programme : « Ce que j’ai cherché…, ce n’est pas l’imitation des bruits de la locomotive, mais la traduction d’une impression visuelle et d’une jouissance physique par une construction musicale. Elle part de la contemplation objective : la tranquille respiration de la machine au repos, l’effort du démarrage, l’accroissement progressif de la vitesse pour aboutir à l’état lyrique, au pathétique du train de 300 tonnes lancé en pleine nuit à 120 à l’heure ».

Pacific 231 appartenant à la SNCF
Locomotive modèle Pacific 231 appartenant à la SNCF

Cette « construction musicale » prend la forme d’un court mouvement symphonique bipartite : la première pour l’accélération de la locomotive et la seconde pour son ralentissement progressif, l’orchestre – immense, avec les bois par trois et une percussion importante – s’enrichissant peu à peu lors de la phase initiale. Outre cette architecture très personnelle, l’autre point remarquable de la partition est son travail sur les rythmes (de bielles comme il se doit), avec une même cadence qui persiste tout au long de l’œuvre et produit un effet particulièrement hypnotique. Seul bémol avec cette Pacific 231 : une notoriété qui écrase celle d’autres œuvres d’Honegger, pourtant plus amples et toutes aussi valables.

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