Pacific 231 est l’une des œuvres phares du constructivisme musical, avec
les Fonderies d’acier de Mossolov et la Deuxième Symphonie de Prokofiev. Tout
comme ces dernières, la composition d’Honegger exalte la force des machines, en
l’occurrence une locomotive à vapeur de type Pacific 231 – l’un des fleurons
ferroviaires français de l’entre-deux-guerres (l’œuvre fut créée le 08 mai
1924). « J’ai toujours aimé passionnément les locomotives ; pour moi,
ce sont des êtres vivants et je les aime comme d’autres aiment les femmes ou
les chevaux », affirma le compositeur. Honegger a d’ailleurs expliqué son
dessein en dotant son œuvre d’un bref programme : « Ce que j’ai
cherché…, ce n’est pas l’imitation des bruits de la locomotive, mais la
traduction d’une impression visuelle et d’une jouissance physique par une
construction musicale. Elle part de la contemplation objective : la
tranquille respiration de la machine au repos, l’effort du démarrage, l’accroissement
progressif de la vitesse pour aboutir à l’état lyrique, au pathétique du train
de 300 tonnes lancé en pleine nuit à 120 à l’heure ».
Locomotive modèle Pacific 231 appartenant à la SNCF |
Cette « construction musicale » prend la forme d’un court
mouvement symphonique bipartite : la première pour l’accélération de la
locomotive et la seconde pour son ralentissement progressif, l’orchestre –
immense, avec les bois par trois et une percussion importante – s’enrichissant
peu à peu lors de la phase initiale. Outre cette architecture très personnelle,
l’autre point remarquable de la partition est son travail sur les rythmes (de
bielles comme il se doit), avec une même cadence qui persiste tout au long de
l’œuvre et produit un effet particulièrement hypnotique. Seul bémol avec cette
Pacific 231 : une notoriété qui écrase celle d’autres œuvres d’Honegger,
pourtant plus amples et toutes aussi valables.
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