Les Préludes (cliquez sur le lien pour accéder à la vidéo) constituent le plus célèbre poème symphonique de
Franz Liszt, genre que ce dernier inventa lorsqu’il était chef d’orchestre à
Weimar. Ils furent d’ailleurs créés dans cette ville en février 1854, sous la
direction du compositeur. Comme beaucoup de musiques à programme, Les Préludes s’appuient sur un argument littéraire.
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Lamartine (1790-1869), dont s'est inspiré Liszt pour Les Préludes |
En effet, Liszt
puisa son inspiration dans la Quinzième Méditation poétique de Lamartine. Il condensa celle-ci en une phrase, sorte
de préface à sa partition : « Notre vie est-elle autre chose qu’une
série de Préludes à ce chant inconnu dont la mort entonne la première et
solennelle note ? ». L’ensemble du poème symphonique est construit
autour de cette épigramme qu’il évoque et illustre avec force, dans une belle
variété de couleurs.
Analyse :
L’œuvre repose sur un court motif générateur de trois notes, qu’on
entend dès l’introduction. Toute la musique semble émerger de ce leitmotiv, comme
sortie du néant. C’est alors qu’un puissant Andante maestoso présente le thème des préludes (entre 02'46 et 03'26).
Il s’agit d’un motif noble et mélancolique, joué par les trombones, les bassons
et les cordes graves.
Se succèdent ensuite différents épisodes, comme autant de
préludes : l’Amour, les orages de la Vie, la Nature, le Combat et la
Victoire. Les élans amoureux sont représentés par un climat doux et rêveur,
auquel succède un Allegro tempestuoso péremptoire (à partir de 08'00). Celui-ci est marqué par les
interrogations cuivrées de la cellule génératrice, qui imprègne chaque section
de l’œuvre. La sérénité s’impose à nouveau : le calme de la Nature succède
aux tempêtes que peut nous réserver la Vie. Un thème pastoral, presque
champêtre, fait son apparition au cor (à 10'56) ; les bois semblent imiter le
gazouillis des oiseaux et évoquent la Pastorale
de Beethoven.
C’est alors que le thème des préludes surgit de nouveau (à 12'30), comme
sorti des sous-bois. Son apparition aux cors introduit un fier Allegro
marziale, qui représente la fureur des combats. Les percussions (timbales,
cymbales, tambour) rythment ce passage viril et conquérant, dont l’issue triomphale
ne fait aucun doute. De fait, ce sont bien les fanfares de la Victoire qui
éclatent à 15'52 et irradient l’espace sonore. Sous le IIIème Reich, la radio allemande utilisait ce finale majestueux
pour annoncer les victoires de la Wehrmacht. Il est vrai que sa grandiloquence
en fait une formidable apothéose, assez éloignée des élégies de Lamartine. Mais
comment pourrait-on le reprocher à Liszt, lui qui a fait si somptueux ?
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