mardi 5 septembre 2017

Les Préludes, de Franz Liszt


Les Préludes (cliquez sur le lien pour accéder à la vidéo) constituent le plus célèbre poème symphonique de Franz Liszt, genre que ce dernier inventa lorsqu’il était chef d’orchestre à Weimar. Ils furent d’ailleurs créés dans cette ville en février 1854, sous la direction du compositeur. Comme beaucoup de musiques à programme, Les Préludes s’appuient sur un argument littéraire.

Portrait d'Alphonse de Lamartine
Lamartine (1790-1869), dont s'est inspiré Liszt pour Les Préludes

En effet, Liszt puisa son inspiration dans la Quinzième Méditation poétique de Lamartine. Il condensa celle-ci en une phrase, sorte de préface à sa partition : « Notre vie est-elle autre chose qu’une série de Préludes à ce chant inconnu dont la mort entonne la première et solennelle note ? ». L’ensemble du poème symphonique est construit autour de cette épigramme qu’il évoque et illustre avec force, dans une belle variété de couleurs.


Analyse :

L’œuvre repose sur un court motif générateur de trois notes, qu’on entend dès l’introduction. Toute la musique semble émerger de ce leitmotiv, comme sortie du néant. C’est alors qu’un puissant Andante maestoso présente le thème des préludes (entre 02'46 et 03'26). Il s’agit d’un motif noble et mélancolique, joué par les trombones, les bassons et les cordes graves.

Se succèdent ensuite différents épisodes, comme autant de préludes : l’Amour, les orages de la Vie, la Nature, le Combat et la Victoire. Les élans amoureux sont représentés par un climat doux et rêveur, auquel succède un Allegro tempestuoso péremptoire (à partir de 08'00). Celui-ci est marqué par les interrogations cuivrées de la cellule génératrice, qui imprègne chaque section de l’œuvre. La sérénité s’impose à nouveau : le calme de la Nature succède aux tempêtes que peut nous réserver la Vie. Un thème pastoral, presque champêtre, fait son apparition au cor (à 10'56) ; les bois semblent imiter le gazouillis des oiseaux et évoquent la Pastorale de Beethoven.

C’est alors que le thème des préludes surgit de nouveau (à 12'30), comme sorti des sous-bois. Son apparition aux cors introduit un fier Allegro marziale, qui représente la fureur des combats. Les percussions (timbales, cymbales, tambour) rythment ce passage viril et conquérant, dont l’issue triomphale ne fait aucun doute. De fait, ce sont bien les fanfares de la Victoire qui éclatent à 15'52 et irradient l’espace sonore. Sous le IIIème Reich, la radio allemande utilisait ce finale majestueux pour annoncer les victoires de la Wehrmacht. Il est vrai que sa grandiloquence en fait une formidable apothéose, assez éloignée des élégies de Lamartine. Mais comment pourrait-on le reprocher à Liszt, lui qui a fait si somptueux ?

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