mardi 3 octobre 2017

Grieg : Concerto pour piano et orchestre en la mineur


Composé en 1868, le Concerto pour piano d’Edvard Grieg est l’œuvre d’un jeune homme vigoureux et lyrique. Ces qualités imprègnent d’ailleurs le morceau, dont la fougue occulte quelques rares imperfections (on pense notamment à la lourdeur de l’orchestre, très chargé en cuivres). Tant et si bien que Franz Liszt en personne félicita Grieg pour son œuvre, si proche du Concerto de Schumann. De fait, les deux pièces emploient la même tonalité de la mineur et sont habitées par un même souffle romantique. Mais bien qu’Edvard Grieg connaissait le Concerto de Schumann (il l’avait entendu au Conservatoire de Leipzig), la similitude s’arrête là. En effet, l’œuvre du Norvégien est libre de toute influence allemande : c’est bien l’âme de la Scandinavie qu’il exalte passionnément. D’ailleurs, cela explique peut-être son succès, jamais démenti depuis 1869, année de sa création à Copenhague.

Edvard Grieg devant son piano
Edvard Grieg à son piano

ANALYSE :


Le Concerto commence par un roulement de timbales, immédiatement suivi par une cascade descendante du piano. Cette célèbre introduction en la mineur laisse la place aux bois (clarinette, flûte, hautbois et basson), qui exposent le premier thème. En rythme pointé, ce motif est inspiré du halling, une danse populaire norvégienne. Le piano reprend ce thème, avant de céder sa place aux violoncelles. Ceux-ci présentent le second thème de la forme sonate, d’un lyrisme appuyé. Le piano reprend ce motif à son compte et commence un chant passionné. L’irruption des trompettes annonce le développement, brillante opposition entre les deux thèmes. Le premier domine largement : on en perçoit des fragments aux flûtes et aux cors, que soutient le soliste. La récapitulation arrive rapidement et se conclut par une fanfare grandiose, qui marque le début de la cadence. Au cours de ce passage crescendo, le piano est à l’honneur, de sorte que le soliste puisse montrer sa virtuosité. Un retour des accords initiaux achève ce premier mouvement.

Les fameux accords commençant le Concerto de Grieg
Les accords commençant le Concerto pour piano d'Edvard Grieg


Le mouvement lent contraste avec celui qui précède, que ce soit par sa tonalité (ré bémol majeur au lieu de la mineur) ou son atmosphère. Un noble thème est d’abord énoncé par les cordes dans leur registre medium. Il s’agit d’une ample méditation, froide et sinueuse. Le piano ne tarde pas à prendre le relais, développant sa propre mélodie. Il reprend aussi le premier thème, sur les accents enchanteurs du cor. Un sombre pianissimo achève ce splendide nocturne, à peine éclairé par les lumières sélènes.


La clarinette et le basson introduisent le finale et précèdent le premier thème. Celui-ci utilise de nouveau un rythme de halling. Ses accents fortement marqués accentuent le caractère de marche imprégnant ce passage. Une seconde idée mélodique est exposée par le piano, mais celui-ci revient vite au premier thème. A ce stade, on s’attendrait à un développement de forme sonate. Mais c’est un doux cantabile de la flûte qui surgit, lyrique et rêveur ! Le piano se joint à cet interlude pastoral, avant d’être secondé par la clarinette. Toutefois, le halling reprend ses droits, passant du piano à l’orchestre. Peu à peu, la musique prend des accents grandioses, avant d’introduire l’ultime cadence. Brillante d’ingéniosité, celle-ci suscita l’admiration de Franz Liszt et conclut magistralement ce concerto, subtil alliage de fraîcheur, de fougue et de virtuosité.

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