L’Île des Morts est l’un des plus grands chefs-d’œuvre de
Sergueï Rachmaninov (1873-1943). Il s’agit d’un long poème symphonique (une
vingtaine de minutes) inspiré du tableau éponyme d’Arnold Böcklin. Rachmaninov
l’écrivit au cours de l’année 1909, peu après sa Deuxième symphonie.
L'Île des Morts, d'Arnold Böcklin (1827-1901) |
L’Île des Morts est divisé en trois sections qui font écho aux
différents plans du tableau. Dans la première, le ton est sombre et
angoissant : l’orchestre y décrit le voyage vers le royaume des défunts,
marqué par une épouvantable tempête. Le thème principal de cette partie est
obsédant et son balancement mélodique figure à merveille les gestes du passeur.
Dans l’ensemble, la texture orchestrale est assez pesante, presque chargée de
brouillards. Cette première partie s’achève sur un crescendo terrifiant qui
représente l’apparition de l’île. Le côté grandiose de cette introduction
laisse également songeur.
La deuxième section est plus calme, plus résignée : l’âme du mort y
fait des adieux passionnés à sa vie terrestre, illustrés par un poignant solo
de violon. Malheureusement, certains chefs ont pris la mauvaise habitude de
gâcher ce solo en le doublant... C’est ne rien comprendre à la partition :
il est clair qu’ici, le violoniste représente le défunt du tableau de Böcklin.
Pourquoi donc en mettre deux ?
Mais l’atmosphère s’assombrit de nouveau et
l’orchestre se fait plus menaçant avec ses lourds accords de cuivre.De fait, le thème du passeur reparaît et amène la conclusion du poème, marquée par
la victoire inéluctable de la Mort… L’orchestre imite le clapotis de
l’eau : Charon repart chercher une autre âme…Traditionnellement associé à la Mort, le thème du Dies irae retentit. La
pièce s’achève dans une ambiance lugubre.
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