lundi 17 avril 2017

Gustav Mahler ou la "symphonie-monde"


Gustav Mahler est né le 07 juillet 1860 dans une famille juive de Bohême. Bien que violent et assez rustre, son père l’envoya au Conservatoire de Vienne pour qu’il apprenne la musique. Bien lui en prit : naturellement doué pour le solfège, Gustav fut rapidement l’un des meilleurs élèves (avec son ami Hans Rott). Tant et si bien qu’il devint l’un des plus grands chefs de son époque, doublé d’un immense compositeur. Mais ne vous y trompez pas : sous cette apparence idyllique se cachent de nombreux drames. En effet, Mahler eut à subir l’antisémitisme qui gangrénait l’Autriche de la Belle-Époque. Ainsi, la haine et les complots brisèrent sa carrière au Staatsoper de Vienne. Déçu, il partit diriger le Metropolitan de New-York. A ces déconvenues s’ajoutaient des problèmes de santé (une angine eut raison de sa faible constitution) et des drames familiaux (la mort de sa fille cadette). Pour couronner le tout, sa musique était sans cesse vilipendée, les critiques la taxant de vulgarité et de complaisances sentimentales. À tel point qu’après sa mort en 1911, le compositeur tomba dans l’oubli.

Gustav Mahler en 1907
Gustav Mahler en 1907

Mais Mahler avait l’habitude d’affirmer que «son heure viendrait »... Elle finit par arriver dans les années 1970. En effet, son rôle décisif dans l'histoire de la symphonie devint une évidence pour les musicologues de cette époque. En fait, le compositeur avait juste explosé le moule symphonique traditionnel. Pour preuve ses onze symphonies (en comptant le Chant de la Terre et la Symphonie N°10) qui sont démesurées (la Troisième dure une heure trente), hyper-sophistiquées et font appel à des effectifs énormes. Le fait est que Mahler aimait utiliser des instruments inhabituels tels que la mandoline ou les cloches de vaches. C’était aussi un adepte des chœurs et cinq de ses symphonies font appel à la voix humaine. Enfin, ses œuvres comportent souvent plus de quatre mouvements et ne respectent donc pas la disposition classique.

Gustav Mahler dirigeant le Philharmonique de Vienne par Max Oppenheimer
Gustav Mahler dirigeant le Philharmonique de Vienne, par Max Oppenheimer

Mais les plus grandes trouvailles mahlériennes se trouvent dans le langage musical : des rythmes simples (marche ou ländler), des mélodies « banales » et une certaine hétérogénéité stylistique caractérisent les symphonies du Maître. À ceci s’ajoutent de fréquentes sautes d’humeur et des sonorités abruptes. Toute l’œuvre de Mahler est construite sur de tels antagonismes : entre épique et tragique, grandiose et grotesque, humour et sérieux, mysticisme et nihilisme. Ce sont ces contradictions qui rendent les symphonies de Mahler si puissantes et si actuelles. Comme le souhaitait le compositeur, chacune d’entre elle renferme un univers : il ne tient qu’à vous de les découvrir !

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