Gustav Mahler est né le 07 juillet 1860 dans une famille juive de
Bohême. Bien que violent et assez rustre, son père l’envoya au Conservatoire de
Vienne pour qu’il apprenne la musique. Bien lui en prit : naturellement
doué pour le solfège, Gustav fut rapidement l’un des meilleurs élèves (avec son
ami Hans Rott). Tant et si bien qu’il devint l’un des plus grands chefs de son
époque, doublé d’un immense compositeur. Mais ne vous y trompez pas : sous
cette apparence idyllique se cachent de nombreux drames. En effet, Mahler eut à
subir l’antisémitisme qui gangrénait l’Autriche de la Belle-Époque. Ainsi, la
haine et les complots brisèrent sa carrière au Staatsoper de Vienne. Déçu, il
partit diriger le Metropolitan de New-York. A ces déconvenues s’ajoutaient des problèmes
de santé (une angine eut raison de sa faible constitution) et des drames
familiaux (la mort de sa fille cadette). Pour couronner le tout, sa musique
était sans cesse vilipendée, les critiques la taxant de vulgarité et de
complaisances sentimentales. À tel point qu’après sa mort en 1911, le
compositeur tomba dans l’oubli.
Gustav Mahler en 1907 |
Mais Mahler avait l’habitude d’affirmer que «son heure viendrait »... Elle
finit par arriver dans les années 1970. En effet, son rôle décisif dans l'histoire de la symphonie devint une évidence pour les musicologues de cette époque. En fait, le compositeur avait juste explosé le moule symphonique
traditionnel. Pour preuve ses onze symphonies (en comptant le Chant de la Terre et la Symphonie
N°10) qui sont démesurées (la Troisième dure une heure trente), hyper-sophistiquées et font appel à
des effectifs énormes. Le fait est que Mahler aimait utiliser des instruments
inhabituels tels que la mandoline ou les cloches de vaches. C’était aussi un
adepte des chœurs et cinq de ses symphonies font appel à la voix humaine.
Enfin, ses œuvres comportent souvent plus de quatre mouvements et ne respectent
donc pas la disposition classique.
Gustav Mahler dirigeant le Philharmonique de Vienne, par Max Oppenheimer |
Mais les plus grandes trouvailles mahlériennes se trouvent dans le
langage musical : des rythmes simples (marche ou ländler), des mélodies
« banales » et une certaine hétérogénéité stylistique caractérisent
les symphonies du Maître. À ceci s’ajoutent de fréquentes sautes d’humeur et
des sonorités abruptes. Toute l’œuvre de Mahler est construite sur de tels
antagonismes : entre épique et tragique, grandiose et grotesque, humour et
sérieux, mysticisme et nihilisme. Ce sont ces contradictions qui rendent les
symphonies de Mahler si puissantes et si actuelles. Comme le souhaitait le
compositeur, chacune d’entre elle renferme un univers : il ne tient qu’à
vous de les découvrir !
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