lundi 24 avril 2017

Britten : Four Sea Interludes from Peter Grimes


Peter Grimes est l’un des nombreux opéras de Benjamin Britten. Créée en 1945 à Londres, cette œuvre retrace la fin de Peter Grimes, un vieux pêcheur qu’obsèdent les commérages de sa bourgade. La mer du Nord est l’un des personnages centraux de cet opéra puisqu’on son aspect tour à tour calme et tourmenté illustre le déroulement de l’action tout en l’anticipant. Ainsi, quatre petits interludes orchestraux découpent la pièce et représentent l’océan à différents moments du drame. Britten les a regroupés dans une splendide suite orchestrale que je me propose de vous présenter...

The North Sea, de Corey Arnolds
The North Sea, photographie de Corey Arnold

Le premier interlude marin s’intitule Dawn. Comme son nom l’indique, sa douce mais froide mélodie aux violons représente le lever du Soleil. Les bois égrènent quelques notes plus chaleureuses qui me font toujours songer aux clapotis des vagues. De temps à autre, les cuivres se réveillent et énoncent le thème de la mer, à la fois majestueux et menaçant. Ce thème imprègne l’ensemble de la pièce tout en demeurant latent, telle une menace sourde. 

On passe ensuite au Sunday Morning. Les bois et les violons sautillent au-dessus des sonneries solennelles que plaquent les cuivres. Le tout respire la joie et la bonne humeur ; dimanche oblige, des cloches tubulaires saluent la fin de la messe. L’agitation se dissipe doucement sur quelques pizzicati des cordes…

Britten enchaine avec son célèbre Moonlight. Une longue mélodie aux allures de choral y occupe l’ensemble de l’espace sonore. Jouée par les cordes les plus graves, elle exhale une grande mélancolie. Rythmée par les tintements argentés du xylophone, cette musique immobile et majestueuse est hautement psychologique. En effet, elle accompagne les réflexions morbides de Peter Grimes lorsque celui-ci contemple le reflet de la Lune sur la mer.

Enfin vient The Storm. Comme on pouvait s’y attendre, il s’agit d’une spectaculaire scène de tempête : les timbales tonnent et les cordes chauffées à blanc lancent de fulgurants éclairs. Quant aux cuivres, leur rugissement est semblable à celui de l’océan. Puis l’orchestre se calme petit à petit. Toutefois, l’agitation des clarinettes laisse supposer que la tempête couve... De fait, les cuivres hurlent de nouveau et la pièce se termine sur un coup de tonnerre.

Souvent joués au concert, ces interludes marins constituent l’œuvre la plus célèbre de Britten. A raison : leur orchestration et leur atmosphère illustrent parfaitement les caprices de la Mer du Nord.

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