Franz Liszt (1811-1886) eut une vie passionnante faite de scandales, de
succès et de contradictions… Je ne peux donc qu’essayer de vous en donner ici
un bref aperçu… Commençons par le commencement. Enfant-prodige du piano, Liszt
fut présenté au vieux Beethoven, qui lui aurait pincé l’oreille en grommelant
« c’est bien ce garçon est un lion ». Belle prémonition : vingt
ans plus tard, Liszt était devenu la coqueluche des salons parisiens et une
véritable « lisztomania » s’était emparé de la bonne société
française. Les femmes s’évanouissaient en le voyant jouer et les journaux ne
parlaient que de lui ! Bref, Liszt fut ainsi la première star de
l’histoire.
Franz Liszt en 1858 |
Il en profita pour inventer le concept de récital, un concert où un seul
artiste se produit. Contraint de quitter la France par le scandale de sa
liaison avec Marie d’Agoult (dont il eut une fille), Liszt s’installa ensuite à
Weimar. Il y conçut le poème symphonique, un genre où l’orchestre
« chante » une histoire (il s’agit donc de musique « à
programme »). Il rencontra Wagner, qui devint son gendre
quelques années plus tard... Vers la fin de sa vie, subitement attiré par la
religion, Liszt se fit moine et devint abbé. Il mourut après avoir pris froid au
festival de Bayreuth, où il applaudissait chaque année les opéras de son gendre.
Une vie si bien remplie ne pouvait qu’inspirer une œuvre immense :
Liszt composa de nombreuses pièces pour piano (dont une monumentale Sonate
en si mineur) ainsi que des concertos, deux gigantesques
symphonies et une douzaine de poèmes symphoniques. Parmi ces derniers, seuls Mazeppa,
Les
Préludes et la Danse macabre sont restés célèbres. C’est dommage, car les autres
méritent l’écoute. D’une manière générale, les œuvres pour orchestre de Liszt
sont malheureusement mésestimées. Par exemple, sa Dante-Symphonie n’est
presque jamais jouée. C’est pourtant l’une des meilleures œuvres symphoniques de
son époque. Inspirée par la Divine
comédie, cette symphonie représente successivement l’Enfer, le Purgatoire
et le Paradis. J’ai d’ailleurs une admiration sans borne pour le mouvement
final : l’orchestre s’y fait diaphane, tandis qu’un chœur angélique
entonne « l’Alléluia » et amène l’œuvre à sa conclusion rayonnante.
Liszt pressentait-il alors qu’il deviendrait abbé ?
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