Dvořák écrivit son Douzième Quatuor à cordes en fa majeur lorsqu’il était directeur du Conservatoire de New-York. Chaque été, il fuyait l’agitation et le bruit de la métropole pour se réfugier dans la campagne américaine. C’est ainsi qu’en 1893, il se retrouva à Spilville, Iowa. L’accueil chaleureux que lui fit la communauté tchèque de la ville le poussa à composer une nouvelle œuvre pour cordes. C’est ainsi que le célèbre Quatuor « Américain » vit le jour entre le 08 et le 23 juin 1893. Imprégné de nostalgie envers sa Bohême natale, il constitue un pendant plus intime à la Neuvième Symphonie. Comme cette dernière, ce quatuor allie le lyrisme tchèque et le génie européen au folklore indigène.
ANALYSE :
Les doubles croches des deux violons plantent le décor, avant que l’alto
n’énonce le premier thème, enthousiaste et plein de verve (à 00'05). Ce motif est repris
par le premier violon, alors qu'une séquence de plus en plus rythmée introduit
le second thème (exposé à 01'32). Ces deux figures mélodiques sont inspirées de chants afro-américains
(qui ont beaucoup fasciné Dvořák), mais le développement qui suit leur
présentation est typiquement occidental. Celui-ci se conclut par un fugato en
forme d’hymne triomphal (début à 05'53). On enchaîne alors sur la réexposition, qui achève ce
mouvement initial dans un beau ré bémol majeur.
Cette « perle authentique parmi les mouvements lents de Dvořák »
(Soureck) fut peut-être inspirée par les cérémonies funèbres indiennes, tout
comme le mouvement lent de la Symphonie
du Nouveau Monde. Quoi qu'il en soit, ce Lento sublime commence par un long chant
mélancolique au premier violon, que soutient le reste des instrumentistes.
Cette mélodie rêveuse est alors présentée plusieurs fois, comme une sorte de berceuse
empreinte de blues…
Le second violon et le violoncelle lancent le Scherzo, irrigué par un
thème unique. Au centre de celui-ci, le premier violon imite le chant du
tangara (la fauvette locale) que Dvořák avait pu entendre dans son jardin de
Spilville (c'est le court motif qui apparaît à 00'13). Ce thème rythmique et déhanché fait rapidement place à un bref trio en
fa mineur, à l’atmosphère presque tragique (transition à 02'00). Une brève reprise du scherzo à 02'56 termine le
mouvement.
IV) Finale. Vivace, ma non troppo
Les dernières mesures manuscrites du Quatuor Américain |
Le finale est un Rondo rayonnant de joie et d’humour, qui comporte deux motifs
principaux : le premier est rythmé et explosif (exposé à 00'22), le second plus expressif
voire lyrique (présenté à 00'46). Le développement est une succession de couplets entrecoupés par
les deux thèmes précédents. Avant la fin du morceau, on remarque un passage en
forme de choral, confié au violoncelle (aux alentours de 03'45). On passe alors à la coda, résolument
voire férocement optimiste.
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