lundi 29 mai 2017

Le Quatuor Américain de Dvořák


Dvořák écrivit son Douzième Quatuor à cordes en fa majeur lorsqu’il était directeur du Conservatoire de New-York. Chaque été, il fuyait l’agitation et le bruit de la métropole pour se réfugier dans la campagne américaine. C’est ainsi qu’en 1893, il se retrouva à Spilville, Iowa. L’accueil chaleureux que lui fit la communauté tchèque de la ville le poussa à composer une nouvelle œuvre pour cordes. C’est ainsi que le célèbre Quatuor « Américain » vit le jour entre le 08 et le 23 juin 1893. Imprégné de nostalgie envers sa Bohême natale, il constitue un pendant plus intime à la Neuvième Symphonie. Comme cette dernière, ce quatuor allie le lyrisme tchèque et le génie européen au folklore indigène.


ANALYSE :
Les doubles croches des deux violons plantent le décor, avant que l’alto n’énonce le premier thème, enthousiaste et plein de verve (à 00'05). Ce motif est repris par le premier violon, alors qu'une séquence de plus en plus rythmée introduit le second thème (exposé à 01'32). Ces deux figures mélodiques sont inspirées de chants afro-américains (qui ont beaucoup fasciné Dvořák), mais le développement qui suit leur présentation est typiquement occidental. Celui-ci se conclut par un fugato en forme d’hymne triomphal (début à 05'53). On enchaîne alors sur la réexposition, qui achève ce mouvement initial dans un beau ré bémol majeur.
Cette « perle authentique parmi les mouvements lents de Dvořák » (Soureck) fut peut-être inspirée par les cérémonies funèbres indiennes, tout comme le mouvement lent de la Symphonie du Nouveau Monde. Quoi qu'il en soit, ce Lento sublime commence par un long chant mélancolique au premier violon, que soutient le reste des instrumentistes. Cette mélodie rêveuse est alors présentée plusieurs fois, comme une sorte de berceuse empreinte de blues…
Le second violon et le violoncelle lancent le Scherzo, irrigué par un thème unique. Au centre de celui-ci, le premier violon imite le chant du tangara (la fauvette locale) que Dvořák avait pu entendre dans son jardin de Spilville (c'est le court motif qui apparaît à 00'13). Ce thème rythmique et déhanché fait rapidement place à un bref trio en fa mineur, à l’atmosphère presque tragique (transition à 02'00). Une brève reprise du scherzo à 02'56 termine le mouvement.

La partition manuscrite du Quatuor Américain
Les dernières mesures manuscrites du Quatuor Américain

IV) Finale. Vivace, ma non troppo
Le finale est un Rondo rayonnant de joie et d’humour, qui comporte deux motifs principaux : le premier est rythmé et explosif (exposé à 00'22), le second plus expressif voire lyrique (présenté à 00'46). Le développement est une succession de couplets entrecoupés par les deux thèmes précédents. Avant la fin du morceau, on remarque un passage en forme de choral, confié au violoncelle (aux alentours de 03'45). On passe alors à la coda, résolument voire férocement optimiste.

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