dimanche 5 mars 2017

Francis Poulenc : entre charme et foi


Pour un mélomane « sérieux », la musique de Francis Poulenc (1899-1963) constitue un plaisir interdit qui est de l’ordre du péché. En effet, c’est une musique « simple », très « Groupe des Six » car garnie d’effets plus ou moins faciles et de belles mélodies. Bref, c’est une musique d’épicurien que l’on écoute pour s’amuser ou se distraire (ou pour se remonter le moral). Il est vrai que les œuvres dans lesquelles Poulenc se fait charmeur sont nombreuses. Je pense notamment au Concerto pour piano, dont le premier mouvement est demeuré célèbre, ou au ballet Les Biches, à la musique particulièrement joyeuse (il faut dire que le sujet est séduisant, les « biches » dont il est question n’étant autre que de jolies jeunes femmes aux jeux lascifs). On peut ajouter à ces pièces le Concerto pour deux pianos, à la construction fort peu rigoureuse (pour ne pas dire totalement libre) mais aux thèmes entraînants, et la merveilleuse Sonate pour flûte et piano. Cette dernière constitue un véritable miracle de poésie et de douceur (mon Dieu mais quel premier mouvement) !

Francis Poulenc au jardin du Luxembourg
Francis Poulenc au jardin du Luxembourg

Comme vous l’aurez deviné, notre Francis national (j’ai oublié de vous le préciser mais Poulenc était français) n’appréciait guère la forme sonate et ses codes contraignants. Ne cherchez donc pas de grands développements métaphysiques chez Poulenc : il n’y en a pas. Mais cela exclut-il toute profondeur ? Certes non : l’unique opéra de Poulenc, intitulé le Dialogue des Carmélites, est un hommage mystique et sincère aux religieuses tuées pendant la Révolution française. Le compositeur a d’ailleurs écrit beaucoup de musique sacrée, où l’on trouve le meilleur de sa production. Ainsi, son Gloria exprime sa foi ardente dans un dépouillement recueilli mais lumineux. Il s’agit probablement de l’une des meilleures messes de l’époque moderne (elle fut composée dans les années 50): avis aux amateurs de musique sacrée et Cocorico !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire