Albert Roussel (1869-1937) est l’un des plus grands compositeurs de
notre pays à l’instar de Ravel, Debussy ou Berlioz. Pourtant, sa musique est
relativement peu jouée en France… C’est malheureux, car elle contient de
véritables chefs-d’œuvre. Citons notamment le ballet Bacchus et Ariane, la Symphonie
N°3 et la Suite en fa, trois grandes œuvres orchestrales particulièrement
représentatives du génie roussélien.
Albert Roussel à son bureau |
Ce génie est aisément reconnaissable. En effet, Roussel fait figure d’exception dans le paysage musical de son époque : il rejette à la fois l’impressionnisme évanescent de Debussy, la « musique de cirque » du Groupe des Six, et le postromantisme… Il en résulte des œuvres à la fois classiques et modernes, qui ont une saveur toute particulière. Modernes parce qu’elles comportent des tournures compliquées, volontiers répétitives. Classiques par leur respect du schéma symphonique traditionnel (trois de ses quatre symphonies respectent le sacro-saint enchaînement vif-lent-vif-vif) et leur lyrisme (cf le mouvement lent de la troisième symphonie). La manière de Roussel se trouve aussi dans ses orchestrations « viriles » (usage tonitruant des bois et des cuivres, notamment dans le prélude de Bacchus et Ariane), qui laissent souvent échapper une délicatesse féerique (dans le ballet Le Festin de l’Araignée en particulier).
Toutefois, le style de Roussel peut déplaire aux amateurs de musiques ultra-mélodiques.
En effet, le compositeur a une certaine prédilection pour le rythme. Mais si elle
est souvent rude et acide, sa musique est toujours bien construite. Toute
proportion gardée, je dirais qu’elle se rapproche du style de Prokofiev, un
illustre Russe que j’aborderai plus tard. En tout cas, nul doute que notre Albert
national mérite une meilleure place dans le panthéon des compositeurs français…
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