Musicien assez célèbre à son époque, Joseph-Guy
Ropartz est né en 1864 à Guingamp. Breton pur souche, il a toujours chéri son
terroir : après des années à Nancy puis Strasbourg, où il dirigeait à la
fois le Conservatoire et l’orchestre symphonique, il a retrouvé ses origines et
habité le château de Lanloup (Côtes d’Armor). Il y mourut au mois de novembre 1955,
après avoir vécu et observé une véritable révolution dans l’art musical, de la
lutte opposant Wagner et Brahms au primitivisme stravinskien, sans oublier l’essor
des théories de Schönberg.
En plus de son œuvre pédagogique (immense, notamment
au Conservatoire de Nancy), Ropartz est l’auteur d’une centaine d’opus, dont
cinq symphonies, des pièces orchestrales, un opéra (Le Pays, inspiré de légendes bretonnes), de la musique de chambre et
des compositions religieuses. Dans chacune de ces œuvres, Ropartz a pris soin
de chanter sa terre, « ce pays où les korrigans peuplent la lande et dansent, par les nuits
lunaires, autour des menhirs, où les fées et les enchanteurs, Viviane et Merlin, ont pour domaine la forêt de Brocéliande, où les
âmes des morts restés sans sépulture apparaissent toutes blanches au-dessus des
flots de la baie des Trépassés. » Ces mots du compositeur définissent parfaitement
son œuvre, qui fait du folklore et des chants populaires une source inépuisable
d’inspiration. Le terroir nourrit son œuvre comme la sève les arbres.
Ainsi, toute la Première Symphonie
est irriguée par un choral breton, recueilli et austère. On est loin des
démonstrations romantiques d’un Franck ou d’un Vincent d’Indy : la
Bretagne est ici le prétexte à une œuvre sombre et méditative, presque mystique
– comment ne pas songer aux enclos paroissiaux et à leurs liturgies de granite ?
A contrario, la musique de scène composée pour Pêcheur d’Islande (roman de Pierre Loti) est bien plus lumineuse.
Ainsi, dans les Danses, c’est une
explosion de joie et de rythmes traditionnels, comme pour dissiper les brumes et
les menaces de la mer. On retrouve la même inspiration dans certains passages
du Trio en la mineur (le scherzo
notamment) ou dans la Quatrième Symphonie,
œuvre radieuse et apaisée, comme un lever de soleil sur l’océan Atlantique.
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