Composé entre 1950 et 1954, le Concerto pour orchestre de Lutosławski est l’un des chefs-d’œuvre du genre, avec
celui de Bartók. L’influence de ce dernier, écrit dans les années 1940, est palpable,
plus au niveau de l’idée générale que des procédés formels ou textuels. En
effet, alors que le concerto de Bartók a la forme d’une arche gigantesque et un
caractère presque chorégraphique, celui de Lutosławski comporte trois
mouvements bien définis et agencés dans un esprit baroque, d’une très grande rigueur.
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Le compositeur en 1958, peu après la création du Concerto pour orchestre |
Noté Intrada,
le mouvement initial est une introduction grandiose et très prenante. Les
cordes graves exposent le premier thème, sur un martèlement des timbales. L’impression
est sombre, solennelle. On observe une progression par paliers : d’abord
confié aux violoncelles, le motif principal passe aux altos, puis aux violons
et aux bois. Une fois la totalité des instruments passés en revue, un
pianissimo permet l’exposition du second thème, des staccatos de bois sur
contrechant de cor. Ces deux motifs sont ensuite développés en alternance, en
opposant les masses instrumentales. De plus en plus chargé, ce passage atteint
son paroxysme et se clôt sur le premier thème, confié à la flûte, au hautbois,
à la clarinette et au violon solo.
Après ce début magistral et assez sévère, le Capriccio Notturno a un caractère
divertissant. Les violons sautillent, sur les commentaires amusés du xylophone
et des bois, toujours en staccatos. L’intensité progresse à travers des rythmes
de plus en plus marqués, pour aboutir à un thème populaire aux cors, tiré du
folklore polonais. Mais ce motif robuste finit par s’évanouir et laisse revenir
le début et son atmosphère de jeux nocturnes.
Le finale est d’une toute autre trempe et constitue un
véritable hommage à la rigueur baroque. Il commence sur une passacaille, égrenée
par la harpe et la contrebasse, bientôt complétés par le piano. Le thème, que Lutosławski varie et étend aux cordes,
passe aux cuivres et aboutit à une grandiose toccata, sur des rythmes nets et
vigoureux. Enfin, un diminuendo débouche sur un choral. Le développement, qui
sert d’épilogue, est très virtuose et mêle tous ces motifs, jusqu’à l’éblouissement
des fanfares finales.
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