mardi 1 août 2017

Camille Saint-Saëns : Danse macabre


En 1873, Saint-Saëns écrivit une mélodie sur ce poème d’Henri Cazalis, accessibles par ce lien. Malgré la popularité de ces paroles, portées par le succès des romans gothiques de Mary Shelley et autres Prosper Mérimée, les chanteurs refusèrent la mélodie de Saint-Saëns. « Trop difficile » dirent-ils au compositeur. Celui-ci s’empressa de la remanier pour en faire un court poème symphonique (une exécution requiert environ sept minutes), achevé en 1874 : c’est la Danse macabre ! Sous cette forme, la pièce est devenue l’une des plus célèbres de Saint-Saëns. C’était pourtant mal parti… En effet, la création de l’œuvre se fit sous les sifflets du public ! Une réaction incompréhensible vis-à-vis d'un morceau assez sage, qui avait suscité l’admiration de Franz Liszt. En effet, le Hongrois avait bien compris la portée de cette Danse macabre. C'est celle d'un chef-d’œuvre d’inventivité et de fantaisie, mais surtout de réalisme.

La célèbre Danse macabre de Michael Wolgemut (1493)
La célèbre Danse macabre de Michael Wolgemut (1493)

La danse commence par les douze coups de minuit, qu’égrènent la harpe et le cor. C’est alors que la Mort apparaît avec son violon désaccordé. Celui-ci présente une première idée entraînante et sarcastique, comme un prélude à l’horreur qui va suivre. De fait, les morts quittent leurs tombes et entament leur ronde sur un second thème en forme de valse. Ce motif est développé en fugato et gagne progressivement l’orchestre. A l’intérieur de celui-ci, les cliquetis métalliques du xylophone se font remarquer : ils servent à suggérer des os qui s’entrechoquent. Une parodie grimaçante du Dies irae, traditionnellement associé à la Mort, surgit également. Mais la valse diabolique reprend de plus belle, emportant les squelettes dans son tourbillon infernal. Tout se calme subitement : incarné par le hautbois, le coq salue le lever du jour et disperse les cadavres. Il achève ainsi la pièce.

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