En 1873, Saint-Saëns écrivit une mélodie sur ce poème d’Henri Cazalis, accessibles par ce lien. Malgré
la popularité de ces paroles, portées par le succès des romans gothiques de Mary
Shelley et autres Prosper Mérimée, les chanteurs refusèrent la mélodie de
Saint-Saëns. « Trop difficile » dirent-ils au compositeur. Celui-ci
s’empressa de la remanier pour en faire un court poème symphonique (une
exécution requiert environ sept minutes), achevé en 1874 : c’est la Danse
macabre ! Sous cette forme, la pièce est devenue l’une des plus célèbres
de Saint-Saëns. C’était pourtant mal parti… En effet, la création de l’œuvre se
fit sous les sifflets du public ! Une réaction incompréhensible vis-à-vis
d'un morceau assez sage, qui avait suscité l’admiration de Franz Liszt. En effet, le Hongrois avait bien compris la portée de cette Danse macabre. C'est celle d'un chef-d’œuvre
d’inventivité et de fantaisie, mais surtout de réalisme.
La célèbre Danse macabre de Michael Wolgemut (1493) |
La danse commence par les douze coups de minuit, qu’égrènent la harpe et le cor. C’est
alors que la Mort apparaît avec son violon désaccordé. Celui-ci présente une
première idée entraînante et sarcastique, comme un prélude à l’horreur qui va
suivre. De fait, les morts quittent leurs tombes et entament leur ronde sur un
second thème en forme de valse. Ce motif est développé en fugato et
gagne progressivement l’orchestre. A l’intérieur de celui-ci, les cliquetis
métalliques du xylophone se font remarquer : ils servent à suggérer des os
qui s’entrechoquent. Une parodie grimaçante du Dies irae, traditionnellement
associé à la Mort, surgit également. Mais la valse diabolique reprend de plus
belle, emportant les squelettes dans son tourbillon infernal. Tout se calme
subitement : incarné par le hautbois, le coq salue le lever du jour et disperse
les cadavres. Il achève ainsi la pièce.
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