mardi 20 novembre 2018

Le Concerto grosso n°1 d'Ernest Bloch


Les Suisses comptent peu de compositeurs connus. Parmi ces rares célébrités, un se détache tout particulièrement : Ernest Bloch, né en 1880 à Genève et mort en 1956 aux États-Unis. Influencé par le postromantisme, Bloch est toujours resté fidèle à la tradition.

Cette vénération pour l’histoire musicale imprègne son Concerto grosso n°1. En effet, cette œuvre rend bien évidemment hommage à la tradition baroque (le concerto grosso est né à cette époque et a fini par se transformer en  symphonie), incarnée par Bach et Haendel. Toutefois, il exprime aussi l’amour de Bloch pour les traditions musicales de son pays, puisque son troisième mouvement est tiré d’une Suite de danses suisses (1899).

Écrit en 1925 et joué l’année suivante à Genève, le Concerto grosso n°1 (originellement désigné par « Suite pour orchestre à cordes ») est vite devenu l’une des œuvres les plus célèbres de Bloch.

Ernest Bloch à sa table de travail en 1917
Ernest Bloch à sa table de travail en 1917

En réalité, c’est surtout le Prélude qui est très connu, car il a été utilisé pour des spots publicitaires. Il faut dire qu’il est très enthousiasmant et plonge l’auditeur dans un flot continu d’accords énergiques, sur un rythme volontaire et audacieux. La pulsation régulière rappelle les œuvres d’Haendel et appartient aux cordes, soutenues par le piano (celui-ci a un rôle soliste assez réduit). À l’audition, cela paraît simple… En fait, on imagine très mal la complexité de ce morceau, où les violoncelles sont parfois divisés en quatre parties et où les rythmes se superposent.

Le Chant funèbre suivant produit un énorme contraste : le tempo est lent, les instruments moins nombreux (sextuor à cordes et piano). Cette déploration est lyrique et d’une douceur ineffable. Ce n’est pas vraiment triste, mais plutôt recueilli, comme un songe ou une méditation.

Je l’ai déjà évoqué au début de cet article, le troisième mouvement incorpore des airs de danse suisses, reconnaissables à leur caractère sautillant et joyeux. Avec assez peu de moyens, le compositeur parvient à créer une atmosphère particulièrement évocatrice. En effet, à l’écoute, on imagine bien des fermiers qui célèbrent le printemps dans les Alpes, sur un paysage pastoral.

Comme il se doit, le finale est une apothéose en forme de fugue, un morceau savant très apprécié au XVIIème siècle (voir les fugues de Bach, considérées comme des sommets du genre). Toutefois, il ne s’agit pas d’un pastiche inspiré par le style baroque. En effet, le plan tonal de ce dernier mouvement s’inscrit bien dans le XXème siècle et évoque le néoclassicisme de Stravinski. Il termine le concerto dans l’ivresse rythmique, sur une splendide mélodie qui monte au ciel et s’arrête soudainement.

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