Bohuslav Martinů commença le travail sur son Premier Concerto pour violoncelle en
1930, alors qu’il s’était rendu en Bohême, dans sa ville natale. Il poursuivit
la toute nouvelle œuvre à Paris, sa patrie d’adoption. À cette époque, la
Ville-Lumière était la capitale mondiale du style néoclassique (qui prône le
retour à une inspiration baroque, avec des effectifs plus réduits et un rejet
du drame wagnérien), dont l’influence est palpable dans le concerto.
D’ailleurs, la première version de l’œuvre était instrumentée pour un ensemble
de cordes, que Martinů a transformé en orchestre complet en 1939, version
finalement retouchée en 1955, avec une élimination du piano.
Paysage tchèque peint par Ota Bubenicek (1871-1962) |
Le premier mouvement est noté Allegro moderato et
commence par une éblouissante fanfare, dont le geste démonstratif évoque le
concerto grosso baroque. Tout le début du mouvement va garder cette atmosphère
frénétique et joyeuse, tempérée toutefois par le violoncelle, qui présente une
belle mélodie tournoyante, un peu triste et languide, typiquement tchèque. Ce
motif sublime, très noble, va se répéter et gagner en force en passant aux cuivres, comme s’il figurait un paysage de Bohême peu à peu illuminé par l'orchestre. Il
conduit à une fin brusque et heureuse, dans un tourbillon de croches.
L’Andante moderato suivant est l’une des plus belles
pages jamais écrites par Martinů. Essentiellement lyrique, il commence par une
ample mélodie, calme et méditative, caractérisée de mesure en mesure par
plusieurs décalages rythmiques. D’abord confié au cor puis au bois, ce thème
simple et pur se nimbe d’une intense sensation de paix lorsqu’il passe au violoncelle.
Malgré quelques nuages, le mouvement se termine dans le même climat, empreint d'une sérénité chaleureuse.
Ce chant méditatif cède la place au finale, un Allegro
saccadé où le folklore tchèque a aussi sa place, à travers des évocations de
danses ou de fêtes paysannes. Cependant, le rôle du néoclassicisme est sans
doute le plus flagrant, le mouvement perpétuel exécuté par les cordes évoquant
la basse continue baroque et le Pulcinella
de Stravinski. Un intermède un peu plus retenu coupe le mouvement mais ne dure
pas puisque l’œuvre se termine sur une ultime accélération, marquée par de
grands coups de timbales.
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