Charles-Marie Widor naquit à Lyon en février 1844. Très
jeune, il manifesta des dons étonnants pour la musique, et en particulier pour
l’orgue, tant et si bien qu’il remplaça l’organiste de sa paroisse à onze ans. Mais,
contrairement à la plupart des compositeurs français, le jeune Widor s’abstint
de suivre les cours au Conservatoire de Paris. Il finit pourtant par gagner la
capitale et, en 1868, par être nommé assistant de Camille Saint-Saëns, organiste
à la Madeleine.
Aidé par cette relation prestigieuse, il devint
organiste suppléant à Saint-Sulpice, en plein quartier Latin. Il demeura à ce
poste pendant 64 ans, devenant l’un des organistes les plus réputés de la ville,
puis de la France entière. Ses compétences sont reconnues par ses pairs puisqu’il
est choisi pour devenir professeur au Conservatoire, tenant d’abord le cours d’orgue,
puis de composition. Il eut d’ailleurs quelques élèves célèbres, comme Louis
Vierne ou Darius Milhaud. Lorsqu’il mourut en 1937, Widor était célébré dans
toute l’Europe comme l’un des plus grands virtuoses de l’orgue, un instrument
dont il joua jusqu’à l’âge de quatre-vingt-dix ans !
À cette pratique intensive s’ajoute le travail –
immense et protéiforme – du compositeur. En effet, Widor n’était pas qu’un
virtuose et a écrit des douzaines d’opus. Parmi ceux-ci, les plus célèbres sont
les symphonies pour orgue seul, un genre qu’il a tout d’abord inventé à son propre
usage, mais que d’autres compositeurs français ont repris (en particulier ses
élèves, comme Louis Vierne). Widor en a composé dix, conçues pour les grandes orgues
symphoniques. Si les premières sont des suites de pièces caractéristiques
(menuets, fugues, toccatas…), les autres impressionnent par leur rigueur
inspirée du chant grégorien ou de Bach. Les plus accessibles, toutefois, sont celles
de l’opus n°42, de parfaits exemples d’équilibre entre la virtuosité, comme,
par exemple, l’ouverture de la Sixième,
un allegro puissant et sévère, ou la fin de la Cinquième, toccata diabolique et pièce la plus connue de Widor, et
l’inspiration, représentée par les nombreux mouvements lents, recueillis et
voilés de mystère.
Cependant, Widor n’a pas écrit que ces superbes
symphonies pour orgue. Son œuvre comprend des pièces orchestrales, des symphonies traditionnelles, des poèmes
symphoniques, de la musique de chambre – très beau quintettes pour piano et
cordes – des opéras… Des compositions qui restent à découvrir et nous
réservent, sans doute, de très belles surprises !
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