vendredi 11 janvier 2019

La Symphonie funèbre de Kurt Atterberg


Pour commencer l’année dans la joie et la bonne humeur, je vous propose de découvrir l’un des chefs-d’œuvre de Kurt Atterberg, musicien suédois dont j’ai déjà parlé en 2017. Il s’agit cette fois de sa Cinquième Symphonie en ré mineur op.20, sous-titrée Sinfonia funebre. Composée entre 1917 et 1922, cette œuvre est inspirée d’un poème d’Oscar Wilde, The Ballad of Reading Gaol et en particulier d’un vers tragique : « For each man kills the thing he loves ». Ces mots à la connotation funèbre servent de dédicace et de programme à la symphonie.

Le triomphe de la Mort, Brueghel
Le Triomphe de la Mort, de Brueghel

Le premier mouvement est noté Pesante allegro. De fait, son début est assez lourd et introduit un climat de menaces, à grands coups de cuivres et de violents coups d’archets. Bien que plus calme, l’épisode central n’introduit pas de vraie détente. Les éclats des trompettes et l’omniprésence du thème initial, aux intonations dramatiques, rendent une fin optimiste impossible. D’une texture sombre, cette grandiose tragédie se termine sur un dernier soupir, asséné par le grave du piano.

Le second mouvement, un Lento, est la suite du premier : après la mort du héros, il s’agit de ses funérailles. Les cordes aigües introduisent un premier thème, qui donne l’impression d’ondoyer. Après le commentaire des cuivres, qui donnent un aspect solennel à cette introduction, les bois le reprennent et y ajoutent un second motif, tourmenté et instable. Les trompettes esquissent alors une marche funèbre, qui se dissout dans la mélodie initiale. Tout ceci donne la triste impression d’un brouillard qui s’exhalerait de tombes fracassées. Cette vision sublime s’achève sur une apothéose funèbre, où la marche et les cuivres dominent, appuyés par de grands coups de timbales.

À cette méditation mélancolique, le compositeur fait succéder une danse macabre et emplie d’un certain satanisme. En effet, le finale interrompt les pleurs du second mouvement par de furieux coups de cymbales, juste avant d’ouvrir une sorte de valse tantôt névrotique, tantôt effrénée. Atterberg l’a lui-même précisé à des journalistes : en composant ce morceau, il avait à l’esprit l’image de diables tournoyant tout autour de la Terre et se moquant des humains. Le mouvement développe ce message alla Bruegel, dans un tourbillon de sonorités vénéneuses et fatales, qui évoquent aussi Edgar Allan Poe. Par contre, il se conclut dans le calme, sur les débris des thèmes précédents. C’est tout ce qu’il reste après le cataclysme.

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