L’Américain George Antheil, correspondant de guerre au Los Angeles Daily News et auteur d’un prophétique The Shape of the War to Come (1940), écrivit sa Quatrième Symphonie entre 1942 et 1943, années charnières du second conflit mondial. L’œuvre fait intervenir un grand orchestre symphonique et comporte quatre mouvements contrastés bien qu’unis par des motifs assez proches, presque cycliques. Le langage musical est raisonnablement moderne, loin des expérimentations qu’affectionnait le jeune Antheil. Ainsi, c’est une œuvre très accessible et dramatique, pas si loin du postromantisme.
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Le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (opération Torch) |
Le premier mouvement est, aux dires mêmes d’Antheil, « tendu et
inquiet ». Il commence par une fanfare menaçante aux cuivres et aux bois.
Ce thème effrayant plane sur l’ensemble de l’introduction, rappelant que l’avenir
du monde libre est en jeu. Peut-être représente-t-il les forces de l’Axe, encore
victorieuses au début de 1942 ? En tout cas, ce motif guerrier sera amené
à reparaître…
Le deuxième mouvement est moins tumultueux, presque apaisé. Toutefois,
ses harmonies se font acides et le thème guerrier revient de temps à autre. Il
s’agit sans doute d’une sombre méditation sur les massacres de la guerre. L’exécution
massive de civils, perpétrée par les Nazis à Lidice en juin 1942 y est sans
doute pour quelque chose.
En tout cas, le contraste avec le Scherzo ne saurait être plus grand. En
effet, ce passage pour le moins éclectique cite marches militaires, valses et chansonnettes
sentimentales dans une débauche de couleurs et de rythmes. Toutefois, on a du
mal à trouver cette musique joyeuse ou saine : on dirait plutôt une farce
grotesque, comme si le compositeur voulait montrer que la guerre est totalement
absurde.
A contrario, le finale est dynamique et glorieux, sous forme d’une
grande marche patriotique. Lorsqu’il le conçut, Antheil venait de recevoir deux
bonnes nouvelles pour les États-Unis : le débarquement allié en Afrique du
Nord d’une part, la défaite allemande à Stalingrad d’autre part. Tout ce
mouvement conclusif respire la foi en la victoire finale, sur des rythmes obstinés
et grandiloquents, qui ne sont pas sans rappeler la Septième Symphonie « Leningrad » de Chostakovitch. Comme
chez son collègue soviétique, l’œuvre s’achève sur de glorieuses péroraisons
aux cuivres.
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