mardi 27 juin 2017

Borodine : Symphonie N°2 en si mineur, "Épique"


Borodine commença la composition de sa Deuxième Symphonie en 1869. Toutefois, ses activités scientifiques l’empêchèrent d’achever son travail avant 1876 (commencé en même temps, l’opéra Le Prince Igor ne fut jamais terminé). La création de l’œuvre se solda par un échec, probablement dû à une orchestration trop lourde. Aidé par Rimski-Korsakov, le compositeur la modifia en 1878. Sous sa forme définitive, la Deuxième Symphonie est devenue l’œuvre la plus populaire de Borodine et la plus représentative de son style. C’est aussi l’une de ses œuvres les plus modernes puisque les critiques lui reprochèrent son aspect libre et rhapsodique.

Blessé par ses réprimandes, Borodine se rendit à Weimar pour demander conseil à Franz Liszt, qui lui fit une réponse sans équivoque : « Votre instinct artistique est tel que vous ne devez pas craindre d’être original ». C’est ainsi que la Deuxième Symphonie nous est parvenue inaltérée. Après cet épisode, Vladimir Stassov (ou Borodine lui-même d’après certaines sources) la surnomma « Épique », sous-titre qui lui est restée. À raison d’ailleurs, car il s’agit de l’une des symphonies les plus héroïques du répertoire russe, imprégnée de légendes et de contes.

Portrait d'Alexandre Borodine
Portrait d'Alexandre Porfirievitch Borodine (1833-1887)


ANALYSE SUCCINCTE :

I) Allegro :

La symphonie débute aux cordes à l’unisson, celles-ci exposant un premier thème d’allure sombre et martial. Un mouvement de danse effrénée lui réplique aux bois, avant que n’arrive une mélodie particulièrement lyrique aux violoncelles. Bien sûr, ce lyrisme participe au caractère épique de l’œuvre (qui se veut ballade ou épopée) en apportant un contraste bienvenu avec le thème initial. D'après Borodine, ce dernier décrit un rassemblement de preux et doit représenter courage, force et virilité. Il revient donc à la fin du mouvement, après avoir été inlassablement paraphrasé. Soutenu par les trombones et les timbales, il offre une conclusion grandiose et péremptoire à cet Allegro farouche.

II) Prestissimo : 

Il s’agit d’un scherzo très vif, aux rythmes puissamment syncopés. Son atmosphère ressemble à celle du mouvement précédent, mais sans le menace du thème des chevaliers : ici tout est gracieux et transparent, baigné par des mélodies orientalisantes.

III) Andante :

Le mouvement lent est le cœur de l’œuvre. Censé évoquer le barde légendaire Baïan et ses gouslis, il débute par une noble mélodie au cor puis à la clarinette, qu’accompagnent les arpèges scintillants de la harpe. La masse orchestrale est assez diluée, créant une atmosphère évanescente. Aidées par les bois et les cuivres, les cordes développent quelques idées secondaires. Le premier thème revient au tutti pour conclure le mouvement dans une atmosphère épique et mystérieuse.

Le barde Baïan, tableau de Nicholas Roerich
Le barde Baïan, de Nicholas Roerich

IV) Allegro :

Une éblouissante fanfare ouvre le finale, en forme de second scherzo. Les percussions (castagnettes, triangle et cymbales) sont très présentes et évoquent l’animation bouillonnante des bouffons de l’ancienne Russie. En tout cas, cette musique nous convie à des réjouissances populaires : les thèmes joyeux et solennels, l’orchestration éblouissante, tout concourt à y faire revivre la truculence des fêtes slaves (d’après Borodine, ce finale met en scène le festin triomphal de preux chevaliers). Quelques vifs éclats de castagnettes achèvent cette symphonie brillante et colorée dans l’effervescence.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire