mardi 13 février 2018

Kurt Atterberg, un romantique du XXème siècle


Vous ne connaissez probablement pas le nom de Kurt Atterberg (1887-1974). C’est pourtant le plus grand compositeur de Suède, avec Franz Berwald. Ces deux hommes ont d’ailleurs un autre point commun : leur passion pour la symphonie. Atterberg en écrivit neuf, dans lesquelles il mit tout son art. Certaines d’entre elles portent des sous-titres évocateurs : Sinfonia funebre, Images de la côte ouest, Sinfonia piccola...

Photographie de Kurt Atterberg

L’un de ces « surnoms » est d’ailleurs entré dans l’histoire de la musique : Dollar-Symphonie. C’est ainsi qu’on appelle la 6ème d’Atterberg, en souvenir de la somme colossale qu’il toucha pour avoir gagné le concours de composition organisé par la Columbia : 10 000 $ ! Ce prix énorme pour l’époque (fin des années 20) récompensait la meilleure symphonie-hommage à Schubert, qui était mort un siècle plus tôt. Et il est vrai que cette Sixième Symphonie d’Atterberg ne manque pas de qualités schubertiennes. Son lyrisme exacerbé et son ton pathétique en font une véritable ballade, qui n’a rien à envier à la 9ème de Schubert !

Ce n’est pourtant pas ma symphonie préférée d’Atterberg : je goûte mieux les mélodies populaires de la 8ème ou la fougue juvénile de la 1ère, écrite à l’école d’ingénieurs. Ah oui, je ne vous l’ai pas dit mais Atterberg était aussi scientifique : diplômé de l’Institut royal de technologie de Stockholm, il a travaillé toute sa vie au bureau suédois des brevets. Mais revenons à sa musique. Celle-ci ne mérite pas l’oubli dans laquelle elle est tombée. Je vous vois venir, impertinents que vous êtes: si elle est si belle, pourquoi n’est-elle pas jouée? Malheureusement, l’histoire de l’art est aussi faite de modes et d’injustices : Atterberg a continué d’écrire en plein XXème siècle une musique profondément romantique, crime odieux pour les critiques épris de « modernisme » qui condamnèrent aux oubliettes ce compositeur jugé « passéiste ». Et pourtant la qualité de sa musique est indéniable : maîtrise de la forme, de l’orchestration, du rythme, mélodies sublimes et surtout ce « je ne sais quoi » de typiquement scandinave. A découvrir absolument.

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