mardi 9 octobre 2018

Braga Santos, le soleil de Lisbonne


Il convient de le dire tout de suite : Joly Braga Santos est sans doute le plus grand compositeur portugais. Né à Lisbonne en 1924 (et mort dans la même ville en 1988), il a su assimiler le folklore de son pays, qu’il disait « d’une envoûtante originalité et grandeur ». Ainsi, comme la plupart des musiciens ibériques, Braga Santos a privilégié la couleur et la mélodie, qu’il pratiquait en phrases longues et continues. Toutefois, et c’est là la différence avec des compositeurs un peu moins essentiels, il avait aussi l’instinct du développement et a créé six symphonies. Les quatre premières sont les plus accessibles, car elles s’inscrivent dans un cadre néoclassique et fermement tonal. Personnellement, j’ai un petit faible pour la Première, dédiée aux victimes de la Seconde Guerre Mondiale et d’une grandeur épique, ainsi que pour la Quatrième. Celle-ci se conclut par un vaste mouvement hymnique, où deux thèmes se partagent un chant majestueux et grandiose, assez paradoxal car empreint d’une mélancolie non pas triste mais lumineuse (sans doute est-ce là l’influence du fado). 

José Manuel Joly Braga Santos (1924-1988)

Un autre jalon essentiel dans la découverte de Braga Santos est le ballet Alfama, connu grâce à une suite orchestrale. L’œuvre narre l’histoire du quartier éponyme de Lisbonne, domaine des pêcheurs et des pauvres. Sa musique est un véritable trésor de séductions orchestrales, organisé autour de différentes danses plus ou moins typiques. Ainsi, la Danse des filles autour du feu avec ses rythmes chaloupés, ou la Danse du marin et ses chants populaires. Il est certain que ce n’est pas une œuvre profonde ou novatrice, mais c’est l’une des plus agréables de son époque et son écoute fait plaisir. 

Plus formel est le Concerto pour orchestre à cordes, contemporain de la Quatrième Symphonie (1951), et tout aussi néoclassique. En effet, sa structure concise ainsi que sa rythmique fascinante s’inspirent du concerto grosso baroque. Cette œuvre sérieuse annonce l’ultime période du compositeur, marquée par l’économie des moyens et un certain goût pour l’expérimentation. Le travail de ces dernières années reste intéressant mais ce n’est pas le meilleur Braga Santos, qu’on trouve dans les œuvres plus spécifiquement portugaises (Quatrième Symphonie, Alfama, Ouvertures symphoniques).

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