Il convient de le dire tout de suite : Joly Braga Santos est sans
doute le plus grand compositeur portugais. Né à Lisbonne en 1924 (et mort dans
la même ville en 1988), il a su assimiler le folklore de son pays, qu’il disait
« d’une envoûtante originalité et grandeur ». Ainsi, comme la plupart
des musiciens ibériques, Braga Santos a privilégié la couleur et la mélodie,
qu’il pratiquait en phrases longues et continues. Toutefois, et c’est là la
différence avec des compositeurs un peu moins essentiels, il avait aussi l’instinct
du développement et a créé six symphonies. Les quatre premières sont les plus
accessibles, car elles s’inscrivent dans un cadre néoclassique et fermement
tonal. Personnellement, j’ai un petit faible pour la Première, dédiée aux victimes de la Seconde Guerre Mondiale et
d’une grandeur épique, ainsi que pour la Quatrième.
Celle-ci se conclut par un vaste mouvement hymnique, où deux thèmes se
partagent un chant majestueux et grandiose, assez paradoxal car empreint d’une
mélancolie non pas triste mais lumineuse (sans doute est-ce là l’influence du
fado).
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José Manuel Joly Braga Santos (1924-1988) |
Un autre jalon essentiel dans la découverte de Braga Santos est le ballet Alfama, connu grâce à une suite orchestrale. L’œuvre narre l’histoire du quartier éponyme de Lisbonne, domaine des pêcheurs et des pauvres. Sa musique est un véritable trésor de séductions orchestrales, organisé autour de différentes danses plus ou moins typiques. Ainsi, la Danse des filles autour du feu avec ses rythmes chaloupés, ou la Danse du marin et ses chants populaires. Il est certain que ce n’est pas une œuvre profonde ou novatrice, mais c’est l’une des plus agréables de son époque et son écoute fait plaisir.
Plus formel est le Concerto pour orchestre
à cordes, contemporain de la Quatrième
Symphonie (1951), et tout aussi néoclassique. En effet, sa structure
concise ainsi que sa rythmique fascinante s’inspirent du concerto grosso
baroque. Cette œuvre sérieuse annonce l’ultime période du compositeur, marquée
par l’économie des moyens et un certain goût pour l’expérimentation. Le travail
de ces dernières années reste intéressant mais ce n’est pas le meilleur Braga
Santos, qu’on trouve dans les œuvres plus spécifiquement portugaises (Quatrième Symphonie, Alfama, Ouvertures symphoniques).
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