Joaquín Turina fait partie de ces rares compositeurs
espagnols qui ont su accéder à l’immortalité, principalement grâce à ses trois Danses fantastiques (titre original :
Danzas fantásticas op.22). Ces dernières
furent écrites au mois d’août 1919, pour le piano d’abord puis pour l’orchestre.
Ainsi, l’œuvre a la forme d’une suite symphonique imprégnée de folklore espagnol,
présenté sous son jour le plus exubérant et dans la lignée des compositions hispanisantes
de Maurice Ravel.
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Turina (1882-1949), l'un des grands musiciens espagnols |
Intitulée « Exaltación », la première danse débute dans un
climat impressionniste, probablement hérité du séjour parisien de Turina. Cependant, cette
atmosphère évanescente se dissipe rapidement pour laisser place à une jota
endiablée et festive. L’orchestration est à la fois dense et sensuelle, faisant
la part belle aux cuivres et aux percussions. Le rythme à trois temps de cette
danse aragonaise est toutefois modéré par une mélodie langoureuse, un peu comme
dans l’España d’Emmanuel Chabrier.
La danse suivante est une Rêverie
(« Ensueño » en espagnol) ensorcelante avec ses mélodies
mélismatiques aux bois, son rythme chaloupé de zortzico et ses sonorités de
carillon étouffé, à l’effet particulièrement onirique. Cette pièce contemplative
constitue le cœur émotionnel de l’œuvre, une sorte de méditation apaisée dans
les jardins de l’Alhambra par une nuit de pleine lune.
Le contraste avec l’Orgía finale
est complet. En effet, comme son titre pouvait le laisser supposer, cette
vigoureuse farruca réveille l’auditeur sur un rythme heurté et péremptoire, débarrassé
de toute inhibition. Malgré quelques épisodes centraux plus délicats, c’est
bien cette ferveur dionysiaque et quelque peu effrayante qui domine l’ensemble
de la pièce. Celle-ci se conclut dans un ultime tourbillon orchestral, assené
par le triangle et les cuivres.
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