mardi 5 juin 2018

Les Danses fantastiques de Turina


Joaquín Turina fait partie de ces rares compositeurs espagnols qui ont su accéder à l’immortalité, principalement grâce à ses trois Danses fantastiques (titre original : Danzas fantásticas op.22). Ces dernières furent écrites au mois d’août 1919, pour le piano d’abord puis pour l’orchestre. Ainsi, l’œuvre a la forme d’une suite symphonique imprégnée de folklore espagnol, présenté sous son jour le plus exubérant et dans la lignée des compositions hispanisantes de Maurice Ravel.

Portrait de Joaquin Turina, compositeur espagnol
Turina (1882-1949), l'un des grands musiciens espagnols

Intitulée « Exaltación », la première danse débute dans un climat impressionniste, probablement hérité du séjour parisien de Turina. Cependant, cette atmosphère évanescente se dissipe rapidement pour laisser place à une jota endiablée et festive. L’orchestration est à la fois dense et sensuelle, faisant la part belle aux cuivres et aux percussions. Le rythme à trois temps de cette danse aragonaise est toutefois modéré par une mélodie langoureuse, un peu comme dans l’España d’Emmanuel Chabrier.

La danse suivante est une Rêverie (« Ensueño » en espagnol) ensorcelante avec ses mélodies mélismatiques aux bois, son rythme chaloupé de zortzico et ses sonorités de carillon étouffé, à l’effet particulièrement onirique. Cette pièce contemplative constitue le cœur émotionnel de l’œuvre, une sorte de méditation apaisée dans les jardins de l’Alhambra par une nuit de pleine lune.

Le contraste avec l’Orgía finale est complet. En effet, comme son titre pouvait le laisser supposer, cette vigoureuse farruca réveille l’auditeur sur un rythme heurté et péremptoire, débarrassé de toute inhibition. Malgré quelques épisodes centraux plus délicats, c’est bien cette ferveur dionysiaque et quelque peu effrayante qui domine l’ensemble de la pièce. Celle-ci se conclut dans un ultime tourbillon orchestral, assené par le triangle et les cuivres.

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