Robert Schumann est l’archétype du compositeur romantique : poète
extrêmement cultivé et mélancolique, passionné jusqu’à l’éréthisme puis la
folie, il a laissé une œuvre immense dans presque tous les genres. Pourtant, sa
vocation musicale fut assez tardive : elle ne le saisit qu’à vingt ans,
après un concert de Niccolò Paganini.
Celui-ci décida le jeune Schumann à devenir un pianiste virtuose et à
rencontrer Friedrich Wieck, l’un des plus célèbres professeurs de piano à cette
époque. Chez ce maître éminemment respecté, Schumann commit une irréparable
bêtise : afin d’améliorer son jeu, il inventa un appareil sensé rendre les
doigts plus indépendants et plus forts. Résultat des courses : il se
paralysa le médius de la main droite et dut se tourner vers la composition.
Après avoir ébauché une première symphonie en 1832, il sombra dans une profonde
dépression et tenta de se défenestrer. Ce furent-là les premiers symptômes de
sa maladie mentale.
Portrait de Robert Schumann à la fin de sa vie |
Fort heureusement pour les mélomanes, Schumann tint bon et en avril
1834, il fonda la célèbre Neue Zeitschrift für Musik, une revue qui existe
toujours. Le jeune compositeur y écrivit abondamment, encensant Chopin, Berlioz
ou Mendelssohn et vomissant les opéras de Rossini et Meyerbeer. C’est à cette
époque qu’il tomba amoureux de Clara Wieck, la fille de son
professeur de piano. Ce dernier d’opposant fermement à leur idylle, Schumann
dut attendre plusieurs années avant d’épouser la jeune fille, ce qui lui inspira
certaines de ses plus grandes œuvres pour piano : la Fantaisie op.17, les
Davidbündlertänze op.6, les Phantasiestücke op.12 et les Kreisleriana op.16. En
1838, le compositeur rejoignit Clara à Vienne, où elle se produisait comme
pianiste. D’un commun accord, ils portèrent plainte contre le père Wieck qui refusait d'accepter leur mariage. La justice donna raison aux amants, qui s’unirent
en 1840.
Son mariage plongea Schumann dans une grande effervescence
artistique : entre 1840 et 1841, il composa plus de 130 lieder et
s’intéressa à la musique orchestrale avec sa Première Symphonie, dite « Du
Printemps ». Les chefs-d’œuvre se succédèrent : le sublime Quintette
pour piano et cordes en 1842, Le Paradis et la Péri en 1843, oratorio qui
réconcilia les Schumann et le vieux Wieck, la Deuxième Symphonie en 1844, le
célébrissime Concerto pour piano en 1845, les Trios op. 53 et op. 80 en 1847.
Le Printemps des Peuples mit fin à cette splendide moisson. Fuyant la révolution, les Schumann quittèrent la ville de Dresde où ils habitaient depuis leur mariage et s’installèrent définitivement à Düsseldorf en 1849. C’est dans cette ville que le compositeur écrivit ses dernières œuvres, parmi lesquelles sa Troisième Symphonie « Rhénane » et son Concerto pour violoncelle. Sa dernière joie fut de rencontrer Johannes Brahms, un jeune musicien talentueux qu’il essaya de lancer dans son journal. En février 1854, Schumann devint la proie de troubles dont il avait déjà souffert sporadiquement, dans ses périodes de dépression. Il se mit à entendre sans cesse la note « la », eut des hallucinations et des difficultés à parler. Le 27 février, il se jeta dans le Rhin ; repêché par des bateliers, il fut conduit à l’asile d’Endenich, près de Bonn. Il n’en sortit jamais et mourut le 29 juillet 1856, après avoir refusé de s’alimenter. Encore aujourd’hui, la maladie de Schumann fait l’objet de nombreuses spéculations : syphilis ou véritable dérangement psychiatrique ? La biographie de Schumann semble indiquer des troubles bipolaires peut-être associé à une schizophrénie latente.
De fait, le compositeur alternait les périodes d’euphorie et d’abattement désespéré, ce qui du reste imprègne sa musique : en quelques mesures, celle-ci peut devenir élégiaque, rêveuse, d’une incommensurable tristesse ou d’un caractère échevelé. N’hésitons pas à le dire : Schumann est le compositeur des extrêmes et si ses plus belles œuvres témoignent d’une grande vitalité, elles se font par moments fébriles, voire délirantes (le scherzo de la Seconde Symphonie par exemple, qui semble constamment tourner sur lui-même) et morbides (la poignante Marche funèbre dans le Quintette pour piano et cordes), comme si une névrose ancienne ressurgissait subitement. Cette cassure intérieure valut à Schumann l’asile et l‘immortalité : entre génie et folie, la frontière est parfois ténue.
Lithographie représentant Clara Schumann |
Le Printemps des Peuples mit fin à cette splendide moisson. Fuyant la révolution, les Schumann quittèrent la ville de Dresde où ils habitaient depuis leur mariage et s’installèrent définitivement à Düsseldorf en 1849. C’est dans cette ville que le compositeur écrivit ses dernières œuvres, parmi lesquelles sa Troisième Symphonie « Rhénane » et son Concerto pour violoncelle. Sa dernière joie fut de rencontrer Johannes Brahms, un jeune musicien talentueux qu’il essaya de lancer dans son journal. En février 1854, Schumann devint la proie de troubles dont il avait déjà souffert sporadiquement, dans ses périodes de dépression. Il se mit à entendre sans cesse la note « la », eut des hallucinations et des difficultés à parler. Le 27 février, il se jeta dans le Rhin ; repêché par des bateliers, il fut conduit à l’asile d’Endenich, près de Bonn. Il n’en sortit jamais et mourut le 29 juillet 1856, après avoir refusé de s’alimenter. Encore aujourd’hui, la maladie de Schumann fait l’objet de nombreuses spéculations : syphilis ou véritable dérangement psychiatrique ? La biographie de Schumann semble indiquer des troubles bipolaires peut-être associé à une schizophrénie latente.
De fait, le compositeur alternait les périodes d’euphorie et d’abattement désespéré, ce qui du reste imprègne sa musique : en quelques mesures, celle-ci peut devenir élégiaque, rêveuse, d’une incommensurable tristesse ou d’un caractère échevelé. N’hésitons pas à le dire : Schumann est le compositeur des extrêmes et si ses plus belles œuvres témoignent d’une grande vitalité, elles se font par moments fébriles, voire délirantes (le scherzo de la Seconde Symphonie par exemple, qui semble constamment tourner sur lui-même) et morbides (la poignante Marche funèbre dans le Quintette pour piano et cordes), comme si une névrose ancienne ressurgissait subitement. Cette cassure intérieure valut à Schumann l’asile et l‘immortalité : entre génie et folie, la frontière est parfois ténue.
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