À l’opposé de ses collègues Chostakovitch ou Prokofiev, Aram Khatchatourian (1903-1978) ne fut pas un enfant prodige et ne s’intéressa que tardivement à la musique. Il compensa ces handicaps par une excellente formation auprès de Miaskovsky et de Glière, ainsi que par une connaissance aigüe du folklore caucasien. Né à Tbilissi, il était originaire de cette région montagneuse et méridionale, dont les chants traditionnels l’inspirèrent toute sa vie.
Le compositeur Aram Khatchatourian, de Martiros Sarian |
Ainsi, son œuvre-phare – le ballet Gayaneh
– est bâtie sur des danses arméniennes richement orchestrées. Parmi celles-ci
figure la très célèbre Danse du Sabre,
un morceau trépignant et propulsé par le xylophone. On retrouve cette
inspiration dans le Concerto pour piano
(1936), ainsi que dans le Concerto pour
violon (1940). Ces deux compositions firent beaucoup pour la notoriété de
Khatchatourian, qui devint rapidement l’un des compositeurs officiels de
l’URSS. Son concerto pour violon obtint même un Prix Staline en 1941 ; il
faut dire que son langage avait tout pour plaire au dictateur : fermement
tonal, mélodieux et orchestré dans une veine postromantique, il s’inscrivait
parfaitement dans la doctrine socialiste. Toutefois, cela n’empêcha pas Jdanov
de s’abattre sur Khatchatourian en 1948, le traitant de « compositeur
formaliste ». En réalité, l’Arménien était trop conciliant vis-à-vis de
Chostakovitch et devait donc être « rappelé à l’ordre ». Ainsi
fonctionnait l’Union des compositeurs soviétiques.
Après ces déboires politiques, la production du compositeur devint moins
abondante, au profit de la direction d’orchestre. Ainsi, le ballet Spartacus (1954) fut l’une de ses
dernières œuvres. Malgré de très beaux passages, à l’orchestration chatoyante
et orientale, certains numéros manquent un peu de souffle. D’ailleurs, c’est ce
qui plombe les symphonies de Khatchatourian, souvent trop lourdes et assez
plates (notamment la Deuxième, intitulée Le Tocsin et composée pendant la Seconde Guerre Mondiale)... Il vaut donc mieux s’en tenir au premier ballet et aux concertos,
entraînants à souhait !
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