mercredi 28 mars 2018

Khatchatourian ou le folklore Arménien


À l’opposé de ses collègues Chostakovitch ou Prokofiev, Aram Khatchatourian (1903-1978) ne fut pas un enfant prodige et ne s’intéressa que tardivement à la musique. Il compensa ces handicaps par une excellente formation auprès de Miaskovsky et de Glière, ainsi que par une connaissance aigüe du folklore caucasien. Né à Tbilissi, il était originaire de cette région montagneuse et méridionale, dont les chants traditionnels l’inspirèrent toute sa vie.

Portrait de Khatchatourian, Martiros Sarian
Le compositeur Aram Khatchatourian, de Martiros Sarian

Ainsi, son œuvre-phare – le ballet Gayaneh – est bâtie sur des danses arméniennes richement orchestrées. Parmi celles-ci figure la très célèbre Danse du Sabre, un morceau trépignant et propulsé par le xylophone. On retrouve cette inspiration dans le Concerto pour piano (1936), ainsi que dans le Concerto pour violon (1940). Ces deux compositions firent beaucoup pour la notoriété de Khatchatourian, qui devint rapidement l’un des compositeurs officiels de l’URSS. Son concerto pour violon obtint même un Prix Staline en 1941 ; il faut dire que son langage avait tout pour plaire au dictateur : fermement tonal, mélodieux et orchestré dans une veine postromantique, il s’inscrivait parfaitement dans la doctrine socialiste. Toutefois, cela n’empêcha pas Jdanov de s’abattre sur Khatchatourian en 1948, le traitant de « compositeur formaliste ». En réalité, l’Arménien était trop conciliant vis-à-vis de Chostakovitch et devait donc être « rappelé à l’ordre ». Ainsi fonctionnait l’Union des compositeurs soviétiques. 

Après ces déboires politiques, la production du compositeur devint moins abondante, au profit de la direction d’orchestre. Ainsi, le ballet Spartacus (1954) fut l’une de ses dernières œuvres. Malgré de très beaux passages, à l’orchestration chatoyante et orientale, certains numéros manquent un peu de souffle. D’ailleurs, c’est ce qui plombe les symphonies de Khatchatourian, souvent trop lourdes et assez plates (notamment la Deuxième, intitulée Le Tocsin et composée pendant la Seconde Guerre Mondiale)... Il vaut donc mieux s’en tenir au premier ballet et aux concertos, entraînants à souhait !

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