Cette semaine, je vous propose de découvrir l’un des chefs-d’œuvre de
l’excellent mais oublié Gian Francesco Malipiero : les Impressioni dal vero (Impressions d’après nature en français). Il s’agit d’un étonnant kaléidoscope de couleurs et de formes qui évoquent parfois une exposition de peinture. De fait, le compositeur les a conçues comme une série de portraits
musicaux aussi riches qu’inattendus : c’est ainsi que l’on y retrouve le
chant du rossignol ou du coucou, les tintements des cloches ou les rythmes
chaloupés des danses paysannes. Mais n’allez pas croire qu’il s’agit là de
serviles imitations ! De fait, nulle description dans ces pièces mais des
impressions fugaces et insaisissables, comme sublimées par l’art du compositeur.
Route avec un cyprès et une étoile, de Vincent Van Gogh |
C’est particulièrement vrai dans les séries II et III, écrites entre
1914 et 1922 : marquées par la guerre et le caractère angoissé de
Malipiero, elles s’éloignent définitivement du pittoresque et privilégient
l’introspection. Par exemple, le Colloque
des cloches prend la forme d’un dialogue onirique entre les percussions et
l’orchestre : les sonorités cristallines du campanile s’y mêlent aux
suaves mélopées des bois, avant de s’évanouir dans la brume matinale. L’atmosphère
mystérieuse et fascinante de cette pièce en fait bien plus qu’une simple
évocation de paysage : c’est une véritable étude orchestrale, un manifeste
en faveur de l’imagination. Le désir d’évasion est encore présent dans la pièce
suivante, intitulée Vent et cyprès. Malipiero y transforme un argument qui tient de l’anecdote en ronde lente
et fantastique, comme si les arbres se mettaient à danser !
Mais d'après moi, la pièce la plus réussie demeure la Fête dans la vallée de l’Enfer, qui ouvre la série III. Il s’agit là d’un morceau
hypnotique, avec un ostinato obsédant et une orchestration solennelle. C’est
dans cette musique à la frontière entre recueillement et angoisse, entre
impressionnisme et symbolisme qu’éclate le génie de Malipiero. Rien que pour son atmosphère hors du temps, ces Impressions
valent l’écoute !
Vous avez parfaitement raison. Il faudrait ressusciter ces compositeurs et ces pi_ces occultés par des compositeurs plus prestigieux de l"&poque comme Debussy, Ravel, Stravinski, Schoenberg. Elles sont moins spectaculaires, moins "progressistes", mais c'est une excellente musique de son temps.
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