mercredi 1 février 2017

Respighi ou le technicolor musical


Ottorino Respighi (1879-1936) est l’un des rares compositeurs italiens (avec Casella) qui ne se soient pas consacrés à de longs opéras garnis de mélodies dégoulinantes et boursouflées. En effet, sa musique refuse le lyrisme trop facile (défaut très italien) et aspire à la modernité.

Portrait d'Ottorino Respighi

Ce qui est moderne chez Respighi, c’est l’utilisation de l’orchestre, souvent pléthorique. En effet, ce cher Ottorino fait partie de ces grands génies de l’orchestration, c’est-à-dire l’art d’attribuer les voix aux différents instruments (il faut dire qu’il a appris auprès de Rimski-Korsakov, un maître en la matière). Cependant, la musique de Respighi ne saurait se réduire à une suite d’effets sophistiqués puisqu’elle est très évocatrice. En effet, Respighi est un prodige dans l’art d’illustrer musicalement un tableau, une légende, une scène de la vie quotidienne. Cette qualité est prégnante dans son œuvre la plus célèbre : le triptyque romain. Il s’agit d’une suite de trois poèmes symphoniques décrivant la ville de Rome : Pini di Roma, Fontane di Roma, Festine Romane. Mon favori est sans nul doute Pini di Roma : il est réussi de bout en bout, commençant par une évocation chatoyante d’un lever de soleil sur le Janicule et s’achevant par un grandiose défilé le long de la via Appia, véritable résurrection sonore des triomphes romains (amateurs de péplums, vous voilà  avertis).

Mais si vous ne deviez écouter qu’un seul morceau de Respighi, je vous recommanderais sans doute Les Pins près de la catacombe, qui est un saisissant chant de mort, ou la Danse guerrière extraite du ballet Belkis, fort spectaculaire. J’ai aussi une tendresse particulière pour le Triptyque botticellien, une évocation raffinée et sensuelle de l’œuvre de Botticelli, dans laquelle Respighi délaisse ses tournures habituelles et propose une musique tout à fait mystique… En tout cas, je donnerais bien tous les opéras de Verdi pour une œuvre comme celle-ci !

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