jeudi 2 février 2017

Alfredo Casella : le maître oublié


Casella est l’un des grands symphonistes italiens du XXème siècle, avec Respighi et Dallapiccola. A son actif figurent trois symphonies, des concertos, des suites pour orchestre… Les symphonies sont particulièrement intéressantes. Les deux premières sont de style postromantique et datent des jeunes années de Casella. Notre compositeur s’y montre sûr de son métier, notamment quant à l’utilisation des différents pupitres. Ces premières symphonies se dénotent aussi par leur ton épique et leur longueur. La 2ème est clairement inspirée de la Résurrection de Gustav Mahler, compositeur que vénérait Casella. Cette grande symphonie italienne est exceptionnelle et mériterait de conquérir un public bien plus large. Le deuxième mouvement est hallucinant : il s’agit d’un scherzo démoniaque et implacable qui m’évoque la fin du monde. On dirait une coulée de lave que nul ne peut arrêter… Quant à son épisode central et ses étranges sonneries de cor, il est tout simplement magique : on croirait y entendre les étoiles. Cette ambiance à la fois apocalyptique et désolée intervient de nouveau dans le vaste finale Alla marcia, qui évoque bien Mahler (et notamment le Scherzo de sa Deuxième symphonie). Le thème de marche qui irrigue ce finale est particulièrement tragique et obsédant.

Portrait d'Alfredo Casella
Alfredo Casella peint par Giorgio De Chirico

La Troisième symphonie de Casella est bien plus tardive : écrite au début de la Seconde Guerre Mondiale, elle est relativement moderne. Son Scherzo notamment, anxiogène et « guerrier », fait penser à Chostakovitch. Son effet est malheureusement gâché par le dernier mouvement : sorte d’ode optimiste au fascisme (Casella admirait beaucoup Mussolini), il déséquilibre l’ensemble.
Outre la deuxième symphonie, l’autre chef-d’œuvre de Casella est la suite pour piano et orchestre intitulée Scarlattiana. Inspirée de thèmes issus des sonates de Scarlatti, cette œuvre mérite l’écoute : plus qu’un pastiche du XVIIIème siècle, c’est bien d’une charmante réinvention qu’il s’agit.Pour les amateurs de musique descriptive, je signale enfin l’existence des Pagine di guerra, une suite pour orchestre décrivant les batailles de la Première Guerre Mondiale. Le premier mouvement,  intitulé L’artillerie lourde allemande, est frappant (je vous laisse le soin d’imaginer pourquoi, ou d’aller l’écouter)…

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