lundi 5 février 2018

Jubilé de Gara Garayev


Il y a 100 ans naissait Gara Garayev (1918-1982). En effet, le compositeur est né le 05 février 1918 à Bakou, dans ce qui allait devenir la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan. Comme tous les grands compositeurs d’URSS, le jeune Gara fit ses études musicales au Conservatoire de Moscou. Il y fut l’élève de Chostakovitch entre 1942 et 1946, date à partir de laquelle sa renommée s’accrut en Azerbaïdjan. Garayev devint même le compositeur national de cette petite république, occupant divers postes officiels, du Conservatoire d’État de Bakou au Soviet Suprême.

Il faut dire que son style répondait parfaitement aux canons du réalisme socialiste, sans être insipide pour autant. En fait, ses œuvres majeures (ballets, symphonies, poèmes symphoniques) s’inscrivent résolument dans la tradition orchestrale russe telle qu’elle fut illustrée par Rimski-Korsakov, Tchaïkovski ou Glazounov.

Portrait du compositeur Gara Garayev, de Tahir Salahov
Portrait du compositeur Gara Garayev, de Tahir Salahov

Parmi ses plus grandes réussites se trouvent Les Sept Beautés, une suite symphonique inspirée par un poème de Nizami Ganjavi, écrivain persan du XIIIème siècle qu’appréciait tout particulièrement Garayev. L’œuvre met en scène un vizir peu scrupuleux qui présente les plus belles femmes du monde à son souverain et ce afin de le manipuler. Cet argument somme toute assez naïf sert de prétexte à une musique entraînante et raffinée qui fait régulièrement appel au folklore pour évoquer les origines géographiques des diverses beautés. Ainsi, la « Beauté byzantine » est représentée par une mélodie mélismatique et orientale, tandis que la « Beauté maghrébine » est accompagnée d’un rythme insistant de boléro et de castagnettes. Mais mon passage préféré est la « Beauté slave », symbolisée par une mélodie douce et envoûtante, tellement féminine.

Un autre poème de Nizami Ganjavi inspira à Garayev ce qui demeure peut-être son chef-d’œuvre : Leyla et Mejnun. Ce vaste poème symphonique illustrant les amours contrariées de la belle Leyla et de l’impétueux Mejnun – sorte de pendants azerbaïdjanais de Roméo et Juliette – obtint un prix Staline en 1947. Particulièrement lyrique, la pièce est bâtie sur trois thèmes bien distincts qui représentent le Destin, le conflit entre les familles des deux amants et l’Amour. À la fin c’est l’implacable fatalité qui l’emporte, comme toujours chez les artistes russophones…

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