Il y a 100 ans naissait Gara Garayev (1918-1982). En effet, le compositeur est né le
05 février 1918 à Bakou, dans ce qui allait devenir la République socialiste
soviétique d’Azerbaïdjan. Comme tous les grands compositeurs d’URSS, le jeune
Gara fit ses études musicales au Conservatoire de Moscou. Il y fut l’élève de
Chostakovitch entre 1942 et 1946, date à partir de laquelle sa renommée
s’accrut en Azerbaïdjan. Garayev devint même le compositeur national de cette
petite république, occupant divers postes officiels, du Conservatoire d’État de
Bakou au Soviet Suprême.
Il faut dire que son style répondait parfaitement aux canons du réalisme
socialiste, sans être insipide pour autant. En fait, ses œuvres majeures
(ballets, symphonies, poèmes symphoniques) s’inscrivent résolument dans la
tradition orchestrale russe telle qu’elle fut illustrée par Rimski-Korsakov,
Tchaïkovski ou Glazounov.
Portrait du compositeur Gara Garayev, de Tahir Salahov |
Parmi ses plus grandes réussites se trouvent Les Sept Beautés, une suite symphonique inspirée par un poème de
Nizami Ganjavi, écrivain persan du XIIIème siècle qu’appréciait tout
particulièrement Garayev. L’œuvre met en scène un vizir peu scrupuleux qui
présente les plus belles femmes du monde à son souverain et ce afin de le manipuler.
Cet argument somme toute assez naïf sert de prétexte à une musique entraînante
et raffinée qui fait régulièrement appel au folklore pour évoquer les origines
géographiques des diverses beautés. Ainsi, la « Beauté byzantine »
est représentée par une mélodie mélismatique et orientale, tandis que la
« Beauté maghrébine » est accompagnée d’un rythme insistant de boléro
et de castagnettes. Mais mon passage préféré est la « Beauté slave »,
symbolisée par une mélodie douce et envoûtante, tellement féminine.
Un autre poème de Nizami Ganjavi inspira à Garayev ce qui demeure
peut-être son chef-d’œuvre : Leyla
et Mejnun. Ce vaste poème symphonique illustrant les amours contrariées de
la belle Leyla et de l’impétueux Mejnun – sorte de pendants azerbaïdjanais de
Roméo et Juliette – obtint un prix Staline en 1947. Particulièrement lyrique,
la pièce est bâtie sur trois thèmes bien distincts qui représentent le Destin,
le conflit entre les familles des deux amants et l’Amour. À la fin c’est l’implacable
fatalité qui l’emporte, comme toujours chez les artistes russophones…
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