Les Trois danses pour orchestre
ne constituent certainement pas l’œuvre la plus importante d’Henryk Górecki. De
fait, ce titre revient de droit à sa Symphonie
des chants plaintifs, véritable tube de la musique moderne. Toutefois,
elles constituent un bon point d’entrée pour découvrir le répertoire
contemporain. En effet, ces courtes pièces de 1973 synthétisent parfaitement le
courant minimaliste : influence des formes classiques, sens de la
miniature, thèmes peu nombreux et répétés, tout y est !
Portrait du compositeur |
Noté Presto marcatissimo le morceau initial est bâti sur deux plans superposés. Le premier est un ostinato puissamment rythmique confié au registre grave de l’orchestre : il sert à propulser le mouvement et à lui donner son caractère de marche. Quant au second plan, c’est le thème principal aux violons. Ce dernier est inlassablement répété – à quelques modifications instrumentales près – avant l’entrée d’un second motif aux cors. Après quelques coups d’arrêt portés par l’orchestre (cessations brusques de l’ostinato rythmique), le premier thème reprend le dessus et conclut le mouvement comme il avait commencé.
La danse centrale est beaucoup plus retenue que la précédente :
confiée aux seules cordes, elle laisse s’épanouir le chant du violon sur plus
de cinq minutes. En « arrière-plan », une phrase descendante rythme
doucement la pièce et lui apporte sa dimension dansante.
Le mouvement final surprend par sa rapidité. En effet, il commence sans
crier garde, par une vive mélodie confiée aux bassons. L’orchestration de ce
motif tournoyant s’enrichit progressivement : clarinettes, hautbois et
piccolo entrent rapidement en scène. Dans le même temps, une marche obstinée apparaît
aux violons et la musique se fait plus intense, jusqu’à ce que l’orchestre au
grand complet joue le thème principal. La combinaison de ces effets, associée
au caractère incantatoire de la mélodie est fascinante : l’auditeur est
comme hypnotisé, plongé dans une sorte de transe diabolique. Le pouvoir de cette
œuvre est tel que ses accords conclusifs choquent, telle la fin d’un envoûtement.
La preuve que Górecki, non content d’avoir su chanter les douleurs du XXème
siècle, pouvait aussi charmer les serpents.
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