mercredi 21 février 2018

Górecki : Trois danses pour orchestre


Les Trois danses pour orchestre ne constituent certainement pas l’œuvre la plus importante d’Henryk Górecki. De fait, ce titre revient de droit à sa Symphonie des chants plaintifs, véritable tube de la musique moderne. Toutefois, elles constituent un bon point d’entrée pour découvrir le répertoire contemporain. En effet, ces courtes pièces de 1973 synthétisent parfaitement le courant minimaliste : influence des formes classiques, sens de la miniature, thèmes peu nombreux et répétés, tout y est !

Henryk Górecki
Portrait du compositeur

Noté Presto marcatissimo le morceau initial est bâti sur deux plans superposés. Le premier est un ostinato puissamment rythmique confié au registre grave de l’orchestre : il sert à propulser le mouvement et à lui donner son caractère de marche. Quant au second plan, c’est le thème principal aux violons. Ce dernier est inlassablement répété – à quelques modifications instrumentales près – avant l’entrée d’un second motif aux cors. Après quelques coups d’arrêt portés par l’orchestre (cessations brusques de l’ostinato rythmique), le premier thème reprend le dessus et conclut le mouvement comme il avait commencé.

La danse centrale est beaucoup plus retenue que la précédente : confiée aux seules cordes, elle laisse s’épanouir le chant du violon sur plus de cinq minutes. En « arrière-plan », une phrase descendante rythme doucement la pièce et lui apporte sa dimension dansante.

Le mouvement final surprend par sa rapidité. En effet, il commence sans crier garde, par une vive mélodie confiée aux bassons. L’orchestration de ce motif tournoyant s’enrichit progressivement : clarinettes, hautbois et piccolo entrent rapidement en scène. Dans le même temps, une marche obstinée apparaît aux violons et la musique se fait plus intense, jusqu’à ce que l’orchestre au grand complet joue le thème principal. La combinaison de ces effets, associée au caractère incantatoire de la mélodie est fascinante : l’auditeur est comme hypnotisé, plongé dans une sorte de transe diabolique. Le pouvoir de cette œuvre est tel que ses accords conclusifs choquent, telle la fin d’un envoûtement. La preuve que Górecki, non content d’avoir su chanter les douleurs du XXème siècle, pouvait aussi charmer les serpents.

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