mercredi 16 août 2017

Florent Schmitt : entre Stravinski et Ravel


Au début des années 2000, les autorités franciliennes débaptisèrent le lycée de Saint-Cloud qui portait le nom de Florent Schmitt (1870-1958), compositeur français du XXème siècle connu pour ses prises de position pro-allemandes pendant la Seconde Guerre Mondiale. C’est le genre de décision que je ne comprends pas vraiment... Certes, Florent Schmitt fut bien adhérent du groupe « Collaboration » entre 1940 et 1944 (comme d’autres artistes français d’ailleurs). Mais son amitié pour l’Allemagne était purement musicale. Blanchi après la Libération, le compositeur se vit même décerner la Légion d’honneur. Par ailleurs, il est clair que l’on peut célébrer l’œuvre d’un musicien sans aduler l’homme qui se trouve derrière.

Portrait du compositeur Florent Schmitt (1870-1958)
Florent Schmitt vers la fin des années 1930

En tout cas, Dieu sait que la musique de Florent Schmitt mériterait cet honneur. En effet, elle est d’une grande richesse et dénote d’une véritable originalité, à mi-chemin entre Stravinski et Ravel. De Stravinski, Schmitt a anticipé la rudesse et la flamboyante barbarie avec son Psaume 47 et ses ballets. Il faut dire que ces œuvres extrêmement bien rythmées voire carrément violentes ne peuvent qu’évoquer le Sacre du Printemps, écrit quelques années plus tard. De Ravel, le compositeur a retenu l’art de l’instrumentation (qu’on peut aussi rapprocher d’un Berlioz) et l’intérêt pour les sujets féeriques, comme le prouve son Petit-Elfe-ferme-l’œil. Inspiré des ballets oniriques de Ravel, ce chef-d’œuvre orchestral est un véritable kaléidoscope de couleurs et d’atmosphères.

Ce goût prononcé pour les orchestrations riches et modernes associé à un sens du rythme infaillible poussa Florent Schmitt à peindre de grandes fresques orientales, dans lesquelles il mit le meilleur de lui-même. C’est ainsi que La Tragédie de Salomé, Oriane et le Prince d’Amour ou Antoine et Cléopâtre sont considérés comme ses plus grands chefs-d’œuvre. Ce n’est que justice puisque ces compositions allient des couleurs orchestrales éclatantes à de longues mélopées sensuelles et évocatrices. Des musiques de scène parfaitement réussies donc, et un compositeur qui mériterait d’être joué plus souvent.

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