dimanche 23 juillet 2017

Ralph Vaughan Williams : l'Angleterre en musique !


La musique de l'Anglais Ralph Vaughan Williams (1872-1958) est un superbe résumé de l’histoire du XXème siècle : né sous le règne de la reine Victoria, le compositeur a connu tous les soubresauts de l’histoire contemporaine, des Guerres Mondiales aux débuts de la Guerre Froide. Sa musique instrumentale s’en ressent, ses premières symphonies étant encore romantiques de style et de ton (cf la Deuxième, sous-titrée « London ») alors que les dernières sont beaucoup plus modernes et tourmentées.

De fait, le langage musical de Vaughan Williams évolua fortement après 1918. Parti d’un idiome proche de celui d’Edward Elgar, chantre incontesté de l’Angleterre victorienne, il aboutit à un langage plus personnel et resserré dans la Pastoral Symphony. Celle-ci fut inspirée par les champs de bataille de 14-18, que le compositeur connut en tant que brancardier. Après cette expérience traumatisante, Vaughan Williams se fit l’écho des angoisses de son temps. Ainsi, ses Symphonies N°4 et N°6 évoquent la guerre et la peur provoquées par le militarisme nazi. Le finale de la Sixième représenterait même le feu nucléaire.

Vaughan Williams de Gerald Festus Kelly
Portrait de Ralph Vaughan Williams, par Gerald Festus Kelly

Ce modernisme apparent n’empêcha pas Vaughan Williams de rester profondément anglais, dans son inspiration comme dans ses mélodies. En effet, il harmonisa de nombreux chants populaires britanniques et s’inspira de plusieurs « folktunes » dans ses symphonies. Cela lui valut d’être considéré comme le patriarche des compositeurs anglais, et ce dès sa Troisième Symphonie. Une image d’autant plus répandue que Vaughan Williams s’illustra dans tous les genres (ballet avec Job, A Masque for Dancing, symphonies, poèmes symphoniques, musique de chambre, messes…), mais à un âge assez avancé ! Il se fit aussi le défenseur des traditions musicales anglaises face au sérialisme germanique, n’hésitant pas à qualifier l’atonalité de « ce qu’il y a de pire dans la musique allemande ». Se méfier des innovations venues du continent, voilà une posture très britannique !

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