mardi 5 décembre 2017

Karol Beffa : ingénieur et musicien !


La vie de Karol Beffa, c’est surtout celle d’un véritable surdoué ! Il faut dire qu’elle avait commencé sous un auguste patronage : celui de Mozart, que le jeune Karol interpréta dans son enfance pour un téléfilm de Marcel Bluwal. C’est donc assez logiquement qu’il entra au Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris, à l’âge de 14 ans. C’est dans cette vénérable institution que Karol Beffa développa ses dons pour la musique : il y obtint notamment huit premiers prix en harmonie, contrepoint, fugue, musique du XXème siècle, analyse, orchestration, accompagnement vocal et improvisation au piano. Comme si cela ne suffisait pas, le musicien décrocha un diplôme d’ingénieur statisticien de l’ENSAE, avant d’être reçu premier au concours littéraire de l’ENS. Un talent complet vous dis-je ! Après ces études universitaires, il s’intéressa de nouveau à la musique et devint compositeur professionnel. Cette nouvelle orientation se confirma en 2006, avec une résidence à l’Orchestre National de Toulouse.

Portrait de Karol Beffa

De cette période date les premières grandes œuvres orchestrales du compositeur. Parmi celles-ci, les Paradis artificiels d’après Baudelaire ou le Premier Concerto pour violon et orchestre. Il s’agit de pièces à l’orchestration chatoyante, qui m’ont favorablement surpris : Karol Beffa est bien loin de la posture aride et intellectuelle qu’adoptent certains compositeurs modernes ! Sa musique est d’inspiration tonale, avec une logique indéniable et un sens du rythme fascinant, qui n’empêche pas un certain lyrisme. Le compositeur a lui-même expliqué cet aspect de son travail, qui se divise en « un pôle contemplatif, extatique, au rythme harmonique souvent très lent (musique de couleurs et de textures), et un pôle dynamique, d’une extrême nervosité, où la musique prend souvent la forme d’un mouvement perpétuel (musique du rythme et de l’énergie). »

Cette double inspiration s’entend parfaitement dans deux œuvres pour lesquelles j’ai eu un petit coup de cœur : le Concerto pour piano et orchestre intitulé « La vie antérieure » et Blow-up pour quatuor de vents et piano. Si le concerto est d’une incroyable richesse orchestrale et d’un profond lyrisme (inspiré de Prokofiev et Bartók si je ne m’abuse), les timbres inhabituels de Blow-up sont tout à fait hypnotiques. De plus, ils sont enrichis par des rythmes originaux et incantatoires, dans lesquels on peut reconnaître l’influence du jazz et de la pop. D’ailleurs, cela me semble assez représentatif de Beffa : un subtil alliage d’ancien et de nouveau, de tradition et de modernité.

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