lundi 9 octobre 2017

Mieczysław Karłowicz : un génie mort trop tôt...


Si vous vous promenez un jour dans les Tatras, vous tomberez peut-être sur une étrange stèle à svastika. On appelle ce lieu la « Pierre de Karłowicz » car il marque l’endroit précis où le compositeur polonais fut retrouvé mort en février 1909, victime d’une avalanche. Cet accident tragique acheva une carrière ô combien prometteuse… En effet, à 32 ans, Karłowicz avait déjà composé une quinzaine de numéros d’opus dont presque autant de chefs-d’œuvre !

Portrait de Karlowicz

Parmi ceux-ci se détache la Symphonie op.7, intitulée « Renaissance ». En fait, il s’agit d’un de ces vastes monuments inspirés par Bruckner et typiques du dernier post-romantisme. L’orchestration y est dense et éclatante, notamment dans les fanfares du finale. Ce morceau ambitieux voisine avec l’ensemble des six poèmes symphoniques, véritable magnum opus de Karłowicz. Ces derniers illustrent parfaitement la doctrine esthétique du compositeur qui prônait « l’art pour l’art », en réaction à la musique descriptive. De fait, les titres de ses œuvres sont flous et métaphysiques, laissant une large part à l’interprétation et au rêve (au contraire des poèmes symphoniques de Liszt ou de Smetana, qui comportent un programme précis).

Par exemple, les Chants éternels op.10 constituent une sombre méditation sur la vie et la condition humaine, divisée en trois parties : Chant de l’éternelle aspiration, Chant de l’Amour et de la Mort, Chant de l’être universel. Bien qu’abstrait, ce triptyque est vraiment génial, à mi-chemin entre Wagner et Sibelius. La fin est particulièrement belle et exaltante, d’une majesté à couper le souffle.

Tout aussi intéressante est la Rhapsodie lituanienne. Là encore, nul programme précis mais une simple évocation de la Lituanie et de ses danses folkloriques, à travers une mélopée tristement obsédante. Celle-ci est répétée jusqu’à l’hypnose avant d’aboutir à une fin épique, glorifiant l’âme slave. Une apothéose que mériterait Karłowicz, mort trop tôt et injustement méconnu en France.

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