mardi 21 novembre 2017

Modeste Moussorgski : un compositeur maudit


Le 16 mars 1881, Modeste Moussorgski (1839-1881) s’éteignit misérablement dans un hospice de Saint-Pétersbourg. Rongé par l’alcool, l’épilepsie et la solitude, le pauvre homme était la risée constante des critiques russes. En effet, ceux-ci prenaient ses audaces pour des erreurs de « sauvage » et poussèrent Rimski-Korsakov à retoucher certaines de ses œuvres. Quel serait leur étonnement s’ils voyaient que notre époque est revenue aux versions originales ! Ces dernières sont préférables car elles ne dénaturent pas l’immense talent de Moussorgski, qui s’est illustré dans presque tous les genres.

Modest Moussorgski peint à la fin de sa vie par Ilia Répine
Modest Moussorgski peint à la fin de sa vie par Ilia Répine

À l’opéra d’abord, avec Boris Godounov, une fresque épique inspirée du drame de Pouchkine. À l’instar du Prince Igor d’Alexandre Borodine, il s’agit d’une œuvre fondatrice pour la Russie. En effet, elle a ouvert la voie à un opéra russe où l’authenticité prime et où le peuple devient un protagoniste majeur. Ces deux caractéristiques sont flagrantes dans la Scène du Couronnement, au cours de laquelle on assiste à la grandiose procession du nouveau Tsar. Toute la puissance russe est là, dans ce déluge de cloches et d’Alléluias.

De même, le compositeur révolutionna le piano dans ses Tableaux d’une exposition, sorte de promenade « picturale » et poétique totalement inclassable. De fait, Moussorgski y inventa ses propres formes, trente ans avant Scriabine ! Ce refus des moules établis s’exprima aussi dans La Nuit sur le Mont Chauve. Très évocateur, ce poème symphonique démontre une absolue maîtrise de l’orchestration ainsi qu’une très grande originalité sur le plan de l’harmonie : celle d’un visionnaire, dont a su s’inspirer le XXème siècle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire