mercredi 6 mars 2019

La Quatrième Symphonie de Mahler


La Quatrième Symphonie de Mahler n’est pas sa plus connue. Assez peu démonstrative, elle demeure mystérieuse, légère et comme insaisissable, surtout si on la compare au reste de la production mahlérienne, qui a bien souvent un programme ou un arrière-plan psychologique.

Mahler conçut cette symphonie entre 1899 et 1900, pendant ses vacances. Il l’articula autour de son finale avec voix, tiré de ses lieder sur le Knaben Wunderhorn. Ainsi, l’œuvre constitue une sorte de progression vers le merveilleux de ce chant et sa mélodie céleste. Elle est essentiellement lyrique et composée pour un orchestre de taille modeste (ni tuba ni trombone, ce qui est unique dans les symphonies de Mahler).

Le Paradis, de Marc Chagall
Le Paradis, huile sur toile de Marc Chagall (1961)

Le mouvement initial, noté Bedächtig, nicht eilen (délibéré, sans hâte), donne le ton féérique de l’œuvre, avec son introduction aux flûtes, qu’égaie le tintement argenté des clochettes. Le thème principal, joué par les violons, reste dans cette tonalité gaie et ensoleillée de sol majeur. Comme souvent chez Mahler, il se métamorphose en valse un peu neurasthénique, où les vents affleurent divers thèmes populaires. Pour T. Adorno, cette musique sautillante, d’une grâce très classique, est un « hommage à Mozart traversé d’une sourde tristesse ».

Il débouche sur le mouvement qui fait office de scherzo, où un violon désaccordé joue le rôle principal et représente la Mort, qui entraîne les danseurs jusqu’au bout de la nuit. Le ton est plus grotesque, comme une parodie de la vie, mais sans cruauté.

L’adagio suivant est le cœur émotionnel de l’œuvre. Sur une vingtaine de minutes contemplatives s’enchaînent des variations à la complexité croissante. La musique s’achemine doucement vers sa fin, comme un long fleuve sinueux, lorsque l’orchestre pousse un cri de joie. C’est le Paradis qui apparaît enfin et ouvre ses portes illuminées, annonçant le finale.

Après un bref prélude orchestral, celui-ci donne la part belle à la soprano, qui avec des accents de félicité angélique chante Das himmlische Leben, un lied décrivant les joies du Ciel. La musique passe de joyeuse à éthérée. Elle élève peu à peu l’auditeur et s’efface mystérieusement, en extase.